L'Égypte et le Nigeria ont-ils vraiment leur place dans la liste des N-11? C'est la question que pose Jahan Ara Peerally, professeure adjointe au Service d'enseignement des affaires internationales à HEC Montréal.

Q Parlons brièvement de la situation économique de l'Égypte et du Nigeria.

R Depuis le Printemps arabe, les investisseurs étrangers ont quitté la Libye, qui était autrefois l'un des plus importants producteurs de pétrole de la région. Ils se sont tournés vers le Nigeria qui est devenu un producteur encore plus important. En Égypte aussi, les investisseurs étrangers sont partis à cause de l'instabilité politique, notamment les Sud-Africains. En revanche, l'Union européenne étudie la possibilité de créer une entente de libre-échange avec l'Égypte.

Aussi, le chômage et l'inflation sont très élevés dans les deux pays.

Q À votre avis, ces deux pays ont-ils leur place dans la liste des N-11?

R Oui, car il n'est pas dit si ces pays seront des marchés émergents ou des économies émergentes. À mon avis, ils pourraient être des marchés émergents, c'est-à-dire des endroits où la consommation de masse va augmenter. Mais des économies émergentes, ça j'en doute un peu plus. Pour moi, une économie émergente peut faire concurrence aux autres économies. Ce qui est loin d'être le cas pour le Nigeria, dont le PIB repose essentiellement sur l'exploitation du pétrole, ni pour l'Égypte qui dépend beaucoup du tourisme. Le secteur manufacturier de ces deux pays accuse beaucoup de retard si on le compare à des pays africains comme le Kenya ou l'Afrique du Sud. Dans sa définition des N-11, Goldman Sachs dit que les pays de la liste «pourraient» connaître une importante croissance. Reste à voir comment.

Q Les entreprises canadiennes peuvent-elles malgré tout y trouver leur compte?

R Pas pour y faire fabriquer des produits, car il y a encore beaucoup trop de travail à faire dans ces pays, surtout dans le domaine industriel. Mais pour y vendre des produits, cela peut être intéressant, surtout en Égypte, où le pouvoir d'achat des gens augmente malgré l'inflation.