Fordia est le plus grand fabricant d'outils de forage diamantés du monde. Mais la société de Montréal n'est encore qu'un David devant les Goliaths suédois, conglomérats du secteur minier. Peut-elle, doit-elle elle aussi devenir un géant?

Fordia veut forer toujours plus haut (façon de parler).

L'entreprise de Montréal est le plus important fabricant d'outils de forage diamantés du monde.

Ses couronnes dentées de diamants artificiels servent au forage et à l'extraction d'échantillons de minerai - ce qu'on appelle joliment des carottes, par analogie de forme et de milieu.

Conçus et fabriqués dans l'arrondissement de Saint-Laurent, ces trépans sont en quelque sorte le fer de lance de Fordia: ils représentent plus de 50% de son chiffre d'affaires.

À l'occasion de la dernière récession, Fordia est passée du troisième au premier rang mondial des fabricants d'outils diamantés pour le forage. «C'est sur le rebond de la crise financière que ça s'est matérialisé, relate Denis Landry, vice-président exécutif et directeur général. On a été opportunistes, on a gagné des parts de marché et on a été propulsés au premier rang.»

Mais discrètement, Fordia rêve plus grand encore...

Croissance issue de l'innovation

Le secret de Fordia: la recherche et développement, à laquelle l'entreprise consacre une part importante de ses budgets. «Chaque fois qu'on lance un nouveau produit, on sait exactement contre qui on joue et on mesure la performance des produits de nos concurrents, décrit Denis Landry. Si notre produit n'est pas supérieur au meilleur de la concurrence, on ne le sort pas.»

Lancée en 2009, la nouvelle gamme de trépans Hero - «nos gens de marketing sont très créatifs!», souligne-t-il au passage - est devenue la couronne de forage diamantée la plus vendue dans le monde.

À telle enseigne que les nouveaux produits procurent cette année 30% des ventes de l'entreprise.

Ce dynamisme a pour la première fois poussé le chiffre d'affaires au-delà du cap des 100 millions en 2011, pour atteindre 130 millions, en croissance de 65% par rapport à l'année précédente.

«On n'est que dans l'antichambre des grands, constate cependant Denis Landry. On n'est pas encore parmi les grands de notre industrie.»

Même si elle a atteint le premier rang dans les outils de forage diamantés, Fordia demeure un nain devant ses concurrents, comme les suédoises Sandvik et Atlas Copco, dont les produits d'exploration ne constituent qu'une infime part des activités et dont le chiffre d'affaires se compte en milliards.

«On a un peu le même rêve de faire de Fordia une entreprise de taille, un futur acteur important dans notre industrie, confie Denis Landry. Mais est-ce qu'on a le même type d'aide, de soutien et d'encadrement que les Atlas Copco et les Sandvik ont eu au fil du temps pour devenir des acteurs majeurs?»

Il s'étonne que ces entreprises aient pu atteindre une telle taille dans un pays à peine plus peuplé que le Québec. La fiscalité, la culture y sont-elles plus favorables?

«On voudrait aller plus loin, on en est capables, on a l'intelligence et la stratégie pour le faire, mais tout faire par nous-mêmes devient très difficile, exprime Denis Landry. Il faut un environnement, un contexte qui permet de rayonner.»

«Qu'est-ce qui pourrait être fait pour que Fordia puisse grandir?»

Fordia veut entrer au pays des géants. Il reste à en trouver la clé.

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