Le Plan Nord suscitera son lot de fusions et d'acquisitions. On sent déjà son souffle.

L'an dernier, le Canada s'est retrouvé au premier rang mondial des fusions et des acquisitions dans le secteur minier. Les entreprises canadiennes ont participé, du côté acheteur, à 30% des transactions.

Il est cependant trop tôt encore pour y distinguer nettement l'effet du Plan Nord, annoncé en mai 2011.

«Ce que le Plan Nord suscite vraiment, c'est beaucoup d'appétit chez les fournisseurs connexes de l'industrie minière», observe Me René Branchaud, avocat spécialisé dans les transactions de financement, de fusion et d'acquisition dans le secteur minier chez Lavery. «On organise une mission commerciale au Nord à la mi-juin. Il n'y a que 45 places, mais si on nolisait un Airbus 380, je pense qu'il serait plein! Il y a beaucoup d'intérêt de la part des petites sociétés du Sud, comme ils les appellent dans le Nord.»

Sociétés asiatiques

Les acquisitions dans le secteur minier proprement dit sont largement faites par des sociétés asiatiques, toujours à la recherche de matières premières. Quelques sociétés chinoises ont déjà montré de l'intérêt pour des propriétés ou des sociétés minières actives dans le territoire couvert par le Plan Nord.

«Présentement, je représente des intérêts chinois qui veulent acheter un projet de fer dans la région de Sept-Îles, indique Me Branchaud. Est-ce que c'est vraiment à cause du Plan Nord ou parce que les Chinois ont des besoins de ressources naturelles incommensurables ? Je ne sais trop. Mais comme M. Charest s'est promené beaucoup, même en Asie, ces gens-là en ont sûrement entendu parler. Ils comprennent que le gouvernement du Québec ouvre les portes pour le développement de la région.»

Les Japonais sont également actifs. Ils ont créé en 2004 la société gouvernementale JOGMEC (Japan Oil, Gas and Metals National Corporation), chargée d'assurer l'approvisionnement en ressources stratégiques. «Au Québec, ils sont à la recherche de terres rares, et ils ont investi dans quelques projets, tous dans le nord du Québec», ajoute l'avocat.

Les Indiens - ceux de l'Inde, bien sûr - commencent eux aussi à montrer de l'intérêt. «La semaine dernière [début avril], on a tenu une conférence avec des chefs autochtones à notre bureau, et il y avait des représentants de Tata Steel», relate Me Branchaud.

Secteurs connexes

La firme d'experts comptables PricewaterhouseCoopers (PwC) prévoit elle aussi que le programme d'infrastructures intégré au Plan Nord suscitera un grand intérêt de la part des sociétés d'ingénierie et de construction.

«Toutes les industries en périphérie de ces marchés géographiques vont créer beaucoup d'occasions, soutient Nicolas Marcoux, associé et leader national Transactions chez PwC. Plus on avance dans le Plan Nord, plus on s'aperçoit que les répercussions vont être beaucoup plus larges que dans le secteur minier et forestier. On a beaucoup de clients qui s'intéressent au Plan Nord et qui ne sont ni dans l'un ni dans l'autre.»

Des transactions ont commencé à être conclues. Ainsi, en août dernier, Bird Construction, de Toronto, a acquis H.J. O'Connell, très active dans les territoires nordiques. «C'est une belle plateforme pour profiter du Plan Nord et avoir des ressources et des équipements déjà placés dans le nord du Québec, explique Nicolas Marcoux. On pourrait tout à fait faire une corrélation avec le Plan Nord.»