L'industrie du fer est en pleine expansion au Québec. Les deux exploitants, ArcelorMittal Mines Canada et Cliff Natural Resources, cumulent pour près de 3,5 milliards en projets d'agrandissement afin de doubler la production de fer de la province d'ici 2016.

Beaucoup de revenus en vue, donc, et pas seulement pour ces entreprises, mais aussi pour le gouvernement du Québec, qui devrait percevoir encore plus de redevances, de taxes et d'impôts. Quant aux travailleurs miniers, la pénurie de main-d'oeuvre devrait leur garantir des salaires élevés.

Selon Éric Tétrault, directeur des affaires publiques chez Arcelor, son entreprise a versé 250 millions en redevances au gouvernement du Québec l'an dernier, la plus importance contribution d'une société minière à cet égard.

«En gros, Arcelor paie entre 40 et 50% de tous les montants perçus en redevances au Québec», a-t-il dit à La Presse.

Selon lui, si on ajoute à ces redevances les taxes, les impôts et les contributions d'employeurs, le montant versé au Trésor québécois a atteint quelque 400 millions en 2010.

M. Tétrault n'a toutefois pas voulu divulguer le chiffre d'affaires et les profits d'Arcelor au Québec. Arcelor exploite la mine de fer du mont Wright et la mine d'appoint de Fire Lake, près de Fermont, ainsi qu'un chemin de fer, une usine de bouletage et un port de mer à Port-Cartier.

Selon Éric Tétrault, Arcelor a injecté directement et indirectement dans l'économie québécoise plus de 2 milliards en 2011. La société compte 2500 employés au Québec. Ce chiffre inclut les employés du bureau montréalais, mais exclut ceux des usines d'acier.

Les mines ArcelorMittal produisent 14 millions de tonnes de concentré de fer par année. Le fer est vendu directement sur les marchés internationaux ou transformé en boulettes à l'usine de Port-Cartier avant l'expédition.

En 2011, Arcelor a annoncé un projet d'investissement de 2,1 milliards pour doubler de la capacité de production de ses mines (1,2 milliard) et l'agrandissement des installations de transformation à Port-Cartier (900 millions). Toutefois, le début des travaux au complexe de transformation de Port-Cartier est retardé en raison de l'incertitude du marché de la boulette.

«Ça n'empêche pas le développement du volet minier. Pour la transformation, nous préférons attendre que l'économie européenne se redresse et que ça aille un peu mieux aux États-Unis», a précisé M. Tétrault.

Selon lui, le recrutement de la main-d'oeuvre demeure le plus gros défi de l'entreprise. La concurrence est forte dans l'industrie du fer.

«C'est maintenant qu'on a besoin de travailleurs si on veut atteindre notre objectif de production», a-t-il ajouté.

1,3 milliard US pour le lac Bloom

Pour sa part, Cliff Natural Resources, qui a acheté Consolidated Thompson l'an dernier, prévoit elle aussi doubler la production de minerai de fer de la mine du lac Bloom, située près de Fermont, d'ici 2016. Le projet couterait 1,3 milliard US, dont 600 millions US seront investis cette année.

Le complexe minier peut produire présentement 8 millions de tonnes de concentré par année, qui sont expédiées par train jusqu'au port de Sept-Îles. La société chinoise Wisco a droit à 25% de la production au prix coûtant, ce qui correspond à sa quote-part des investissements de la mine. Le reste est vendu à des clients internationaux.

Selon les états financiers de 2011, les 75% restants de la production du lac Bloom ont procuré 571 millions US de revenus à Cliff provenant de la vente de 3,9 millions de tonnes de concentré. Les profits ont atteint 144 millions. Cliff a consolidé les revenus et les profits du lac Bloom à partir du 12 mai 2011.

Pour 2012, Cliff prévoit que les mines du lac Bloom et de Wabush produiront quelque 12 millions de tonnes, à un coût d'exploitation au comptant variant de 70$ à 75$ US la tonne. Cliff entrevoit des prix de vente de 135$ à 145$ US la tonne.