Fini le travail au pic et à la pelle, qui nécessitait l'embauche de milliers de mineurs et la création de nouvelles localités. Avec les techno-mines, comme les appelle l'économiste Marc-Urbain Proulx, la mécanisation intensive de l'extraction du minerai réduit au minimum le nombre de travailleurs.

Les nouvelles exploitations, explique-t-il, seront constituées de camps miniers, où les travailleurs séjourneront par intervalles de trois semaines.

En raison des navettes aériennes qui soutiendront cette migration récurrente - le fly-in/fly-out -, les petits aéroports locaux seront soumis à une forte pression. «Avec le Plan Nord, ils seront plus sollicités et ils auront un rôle plus stratégique», constate Guillaume Lavoie, conseiller en affaires publiques à Transports Québec.

Le Plan Nord prévoit un budget de 106 millions de dollars jusqu'en 2014 pour l'amélioration de 13 aéroports dans le norddu Québec et de deux autres sur la Basse-Côte-Nord.

Mais ce ne seront pas les seuls à subir cette révolution. «Dès lors, toute l'infrastructure aéroportuaire devient importante, fait valoir M. Proulx. Comment les villes du Moyen-Nord - Sept-Îles, Baie-Comeau, Saguenay, Rouyn, Saint-Félicien, Val-D'Or - vont-elles se positionner par rapport aux travailleurs qu'on va expédier dans le Nord pour deux ou trois semaines? Certaines vont mieux se placer que d'autres.»

La voie du Nord

Avec l'éventuelle ouverture permanente du passage du Nord-Ouest, la voie maritime du Nord offrirait le plus court chemin vers l'Asie. Le Plan Nord prévoit une étude de faisabilité et de rentabilité pour l'aménagement d'un port en eau profonde à Whapmagoostui-Kuujjuarapik, sur la baie d'Hudson.

«On regarde aussi ce qui est possible du côté de Kuujjuaq», indique Guillaume Lavoie. Le défi est important: la baie d'Ungava est soumise aux plus fortes marées de la planète, avec la baie de Fundy.

«Si on construit des ports en eau profonde dans le Nord, ça veut dire qu'on va sortir le métal par le nord plutôt que par le sud, soulève cependant Marc-Urbain Proulx. Ça a des répercussions très importantes.»

Dans l'éventualité où une première transformation du minerai se ferait au Québec, les usines seraient vraisemblablement construites à Kuujjuaq plutôt qu'à Sept-Îles, donne-t-il en exemple.

Mais à plus court terme, le boom minier touchera d'abord les ports en eau profonde du sud du Québec.

Les ports du Sud

Le port de Saguenay a manutentionné 347 000 tonnes de marchandises en 2011. À la fin de 2013, une desserte ferroviaire devrait relier le terminal portuaire au réseau national, ce qui lui ouvrira de toutes nouvelles perspectives. «On est placés pour desservir le nord-ouest du Québec sur le plan du développement minier, décrit le directeur général Alain Bouchard. Le projet BlackRock, entre autres, s'intéresse activement à nos installations pour expédier son minerai. On parle de trois millions de tonnes par année, et peut-être sept millions dans une deuxième phase.»

Sept-Îles voit encore plus grand. Sa population de 25 000 habitants compte sur de vastes installations portuaires: deux terminaux de marchandises, un quai pour pétroliers, un terminal de croisières, sans compter le quai privé de la minière IOC.

À l'autre extrémité de la baie, sur la Pointe-Noire, deux terminaux se consacrent à l'expédition de la boulette de fer et de l'aluminium. Mais ce n'est pas encore suffisant. Le 14 février dernier, on a annoncé la construction d'un nouveau quai, pour un total de 250 millions de dollars, dont la livraison est prévue le 31 mars 2014.

Avec ces équipements, Patsy Keays, directrice des affaires corporatives, prévoit que la manutention pourrait passer de 26 millions de tonnes en 2011 à près de 200 millions d'ici à 2020.

Ici aussi, l'avenir s'annonce radieux.