Dans la foulée du Plan Nord, le gouvernement Charest a annoncé son intention de créer quatre parcs nationaux qui devraient voir le jour d'ici à 2014. Avec Kuururjuaq et des Pingualuit, deux parcs déjà existants, ces aires protégées représenteront près de 4% du territoire couvert par le Plan Nord.

Les noms sont exotiques et semblent venir d'un pays lointain: Tursujuq, Monts-Pyramides, Albanel-Témiscamie-Otish, Assinica. Pourtant, ces endroits sont bel et bien situés au Québec et désignent quatre projets de parcs nationaux au nord du 49e parallèle, dans ce vaste territoire de 1,2 million de kilomètres carrés compris dans le Plan Nord.

Le gouvernement provincial s'est engagé à consacrer 50% de ce territoire à des activités autres qu'industrielles d'ici à 2035. À plus court terme, l'objectif est d'atteindre 20% d'aires protégées d'ici à 2020.

Au total, les deux parcs nationaux créés au Nunavik en 2009 et 2004, Kuururjuaq et des Pingualuit, et les quatre projetés - deux au Nunavik et deux en Jamésie - totaliseront près de 50 000 km2, soit 4% de la superficie du territoire du Plan Nord et 3% de celle du Québec.

Les territoires couverts par les parcs sont gigantesques. Tursujuq, à lui seul, devrait s'étirer sur 25 000 km2.

«C'est immense, trois fois l'île d'Anticosti. Ce sera le plus grand parc dans l'est de l'Amérique du Nord continentale», précise Serge Alain, directeur du service des parcs au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP).

De concert avec les communautés

Le processus de création d'un parc naturel dure au moins cinq ans, indique M. Alain, et comprend plusieurs étapes, dont des études poussées sur le terrain et des audiences publiques. Actuellement, les projets des parcs de Tursujuq, au Nunavik, et d'Albanel-Témiscamie-Otish, en Jamésie, en sont à la dernière étape, entre les mains du ministre, et devraient être officialisés d'ici à la fin de l'année. Pour les Monts-Pyramides (Nunavik), la première moitié de 2013 est évoquée, et le début de 2014 pour Assinica (Jamésie).

Ce processus se fait de concert avec les communautés locales. «Il y a une collaboration très étroite avec les communautés, et leur participation est incontournable. Elles nous aident à établir les aspects du patrimoine naturel et culturel qui sont importants à préserver», explique M. Alain. De plus, la gestion de l'exploitation des parcs sera confiée aux communautés locales: l'Administration régionale Kativik (qui gère déjà les parcs existants) au Nunavik et les communautés cries de Mistissini (pour Albanel) et d'Oujé-Bougoumou (pour Assinica) en Jamésie.

Comme les territoires qui sont couverts par les parcs sont plutôt difficiles d'accès, les bâtiments principaux de ces parcs seront situés dans les villages qui sont à proximité. La création des parcs nationaux va donc engendrer plusieurs emplois directs et indirects dans les communautés concernées. «Les portes d'entrée des parcs sont les villages. L'aspect culturel et le contact avec les communautés sont très importants dans l'expérience proposée aux visiteurs», ajoute M. Alain.

Des parcs d'envergure internationale

Les territoires qui sont couverts visent à protéger et à mettre en valeur les richesses naturelles, la faune et la flore du Nord québécois: les monts Torngat au Kuururjuaq, le lac à l'Eau claire, créé il y a 287 millions d'années par un double impact météoritique, à Tursujuq, la rivière George et le pic Pyramide à Monts-Pyramides, la forêt boréale et le caribou des bois à Assinica, pour ne nommer que ceux-là.

La création de ces parcs permettra aussi aux Québécois et aux visiteurs du monde entier de découvrir ce patrimoine naturel unique.

«Ce seront des produits d'écotourisme et de tourisme d'aventure d'envergure internationale, au même titre que les parcs en Patagonie ou en Islande», conclut Serge Alain.