Les cartes de crédit sont chargées au point de faire éclater le portefeuille. Le prêt de la nouvelle voiture écrase le budget. Et pour les meubles achetés maintenant et payés plus tard, le «plus tard» arrive le mois prochain.

Est-ce une bonne stratégie de renégocier le prêt hypothécaire, de profiter de la valeur acquise et du capital déjà remboursé pour acquitter ses autres dettes?

«Utiliser sa maison pour se sortir de l'endettement et réduire la charge financière des intérêts et des versements, ce n'est pas une mauvaise idée quand on dispose de cet avoir net», soutient Richard La Ferrière, chef de région pour le Québec chez TD Waterhouse Planification financière.

Avec des taux d'intérêt hypothécaires plus bas que jamais, le moment est propice à ce soulagement.

«La mauvaise idée, c'est de continuer à consommer comme on le faisait auparavant», prévient-il. «Il faut revenir à une planification saine et se poser la question: maintenant que je réduis mon endettement, comment se fait-il que je sois rendu là?»

On doit également prendre garde à ne pas projeter trop loin l'amortissement du prêt hypothécaire renégocié, «certainement pas au-delà de notre date de retraite», avise Richard La Ferrière.

On ne doit pas non plus se complaire dans l'illusion que les taux vont demeurer indéfiniment à ces niveaux minimes. Marie-Hélène Legault, chargée de cours en économie à l'UQAM et responsable des cours d'accès à la propriété à l'ACEF de l'est de Montréal, recommande de conserver au budget la marge de manoeuvre nécessaire à soutenir une éventuelle hausse de taux.

Quels sont les coûts?

Combien en coûte-t-il de rembourser ses dettes avec son hypothèque? Tout dépend des contrats... et du montant des dettes.

«Il y a peu de coûts si vous êtes dans la limite de votre acte hypothécaire original», indique Éric Meunier, directeur principal, solutions hypothécaires, à la Banque Nationale. Ainsi, si vous aviez déjà remboursé 50 000$ en capital sur votre prêt initial de 100 000$, vous pourriez réemprunter jusqu'à 50 000$. «Si vous demandez plus, vous devrez repasser devant le notaire et il y aura des frais», ajoute-t-il.

L'emprunt pourrait faire l'objet de conditions distinctes du prêt hypothécaire original, notamment en terme d'amortissement. Cette allonge peut ainsi être remboursée sur une période plus courte, par exemple en lien avec la durée de vie utile du bien. «Sinon, les économies d'intérêts que vous gagnez en allant sur un prêt hypothécaire, vous allez les perdre sur la durée», souligne Éric Meunier.

Dans le cas des marges de crédit hypothécaires, on peut puiser dans la marge sans frais... tant qu'il en reste.

«Un des problèmes, c'est qu'avec la hausse de la valeur nette des maisons, il y a une incitation certaine à utiliser cette plus-value pour consommer», constate Marie-Hélène Legault. Elle rappelle qu'une appréciation de sa propriété incite deux fois plus à consommer qu'une hausse équivalente de ses placements boursiers. «La marge de crédit hypothécaire a amplifié la facilité à aller chercher cet argent-là», indique-t-elle.

Le risque ultime, selon Marie-Hélène Legault: que le pelletage des dettes en vienne à repousser la retraite.