Utiliser la mémoire phénoménale des ordinateurs pour en faire des «estimateurs expérimentés» pouvant fournir des prévisions de coûts beaucoup plus précises et adaptées à la réalité des différentes organisations, voilà la voie de l'avenir pour Guy Jobin, président de LUQS.

Il admet avoir prêché dans le désert pendant quelques années, mais son discours sur l'informatique cognitive commence à attirer de plus en plus l'attention dans le petit monde de l'estimation des coûts de travaux. Pour l'expliquer plus simplement, il s'agit de faire en sorte qu'un système fouille dans un historique de données pour extraire, grâce à des algorithmes, le scénario le plus réaliste pour la réalisation de projets précis. Ainsi, le logiciel se base sur son «expérience» pour déterminer le coût.

Des données inutilisées

Pour l'organisation, le procédé ne demanderait pas vraiment davantage d'efforts. «Ce sont des données que tout le monde accumule et dont personne ne se sert. Toutes les grandes villes ont des surveillants de travaux qui font des rapports de chantier quotidiens», indique M. Jobin. Il suffirait d'informatiser le tout. Évidemment, tenter de construire une base de données en entrant les informations des années passées serait une tâche colossale. Il conseille donc aux organisations intéressées de se concentrer sur le présent et le futur. En se contentant d'entrer les nouvelles informations quotidiennement, on obtiendrait un outil performant au bout de six mois à deux ans, selon la taille de l'organisation.

À l'heure actuelle, plusieurs «donneurs d'ouvrage» se basent sur des prix moyens actualisés, selon M. Jobin. Résultats: des factures qui peuvent varier de plus de 50%. La méthode détaillée est beaucoup plus précise, sa marge d'erreur se situe à moins de 10%. «Il s'agit de déterminer l'effort à déployer pour la réalisation du travail, c'est-à-dire les ressources matérielles, la main-d'oeuvre, l'équipement, la productivité des équipes et les méthodes de travail. Ensuite, on peut évaluer le coût», explique-t-il.

Distribué à 2600 exempla- res à travers l'Amérique du Nord - un nombre important dans un domaine aussi pointu - le logiciel ProjEst, développé par LUQS, est toutefois utilisé seulement pour réaliser des estimations détaillées. Pour l'instant, des projets-pilotes sont en cours, mais aucun client n'a encore véritablement adopté l'informatique cognitive.