Depuis le 1er avril, les 60 000 ingénieurs de la province sont tenus de suivre 30 heures de formation continue aux deux ans. Parmi celles-ci, l'éthique et la déontologie pourraient bien devenir incontournables.

«Nous avons une grosse réflexion à ce sujet. Je ne cacherai pas que nous envisageons de rendre obligatoire une formation de base sur l'éthique et la déontologie», indique Maud Cohen, présidente de l'Ordre. Une autre, sur la refonte de la Loi sur les ingénieurs, le serait également après son adoption par l'Assemblée nationale.

Il s'agirait toutefois d'exceptions, car le règlement vise à laisser la liberté aux ingénieurs de suivre des formations répondant à leurs besoins et à leur cheminement de carrière spécifiques.

Sujets variés

Les sujets étudiés sont très variés, de l'énergie à la communication en passant par la santé et la sécurité au travail et les matériaux. Certaines formations sont offertes par des universités à la demande de l'Ordre.

«Chaque année, 1500 membres reçoivent une visite d'inspection et 3500 autres reçoivent un questionnaire. Cela nous permet de déceler certaines faiblesses dans la formation et ensuite nous travaillons en collaboration avec des universités pour développer des cours», explique Mme Cohen.

Des entreprises spécialisées dans la formation proposent aussi différents cours. Assister à des conférences et des colloques, la rédaction d'articles et la participation à des projets de recherche ou des comités techniques, notamment, sont aussi admissibles jusqu'à concurrence de dix heures. D'ailleurs, l'Ordre des ingénieurs du Québec a noté une augmentation significative du nombre de participants à son dernier congrès, soit 650 par rapport à 400 habituellement. Cette hausse serait en partie attribuable aux nouvelles exigences de formation.

On ne prévoit pas d'engorgement dans les inscriptions auprès des formateurs. «C'est une profession très liée aux nouvelles technologies, donc les gens continuaient déjà leur formation.

En plus, 85% de nos membres travaillent pour un employeur et la formation offerte par ceux-ci est acceptable dans le cadre du règlement», signale Mme Cohen.

En région, l'accès à la formation demeure toutefois un défi auquel l'Ordre souhaite s'attaquer. Ainsi, il travaille à la création de formations en ligne pour pallier ce problème. Elles devraient être disponibles au cours de l'année.

L'Ordre tente également de développer l'offre de formations à l'extérieur des grands centres. «En collaboration avec nos sections régionales, nous allons tenter de développer des partenariats avec les universités et les cégeps locaux», précise Mme Cohen.

Parallèlement à cela, la présidente de l'Ordre a entrepris une tournée à travers la province afin de sensibiliser ses membres à leurs nouvelles obligations. Pour l'instant, aucune donnée n'est disponible sur le nombre d'ingénieurs qui ont déjà accompli les heures de formation réglementaires. Au terme des deux années, ceux qui n'auront pas accumulé suffisamment d'heures ou n'auront pas produit de déclaration s'exposent à la radiation. Cela dit, certaines exceptions sont prévues comme un congé parental ou de maladie par exemple.