Plusieurs signaux d'alarme sont apparus sur les écrans radars des spécialistes concernant les perspectives à court terme du marché des métaux communs. Pour le plus long terme, les analystes restent optimistes.

Les prix de tous les métaux usuels ont baissé en 2011. Le cuivre se vendait récemment à 3,27$ US la livre, un recul de 27% par rapport à son sommet des 12 derniers mois. Celui de l'aluminium, à 0,88$ US la livre, se retrouve à 29% de son sommet.

Selon Jesper Dannesboe, stratège du marché des matières premières pour Société Générale Cross Asset Research, ce recul s'explique par la probabilité élevée de récession dans la zone euro. Parallèlement, l'économie de la Chine a subi l'effet d'un resserrement monétaire soutenu, tout en en absorbant les contrecoups du ralentissement européen.

«Même si les prix des métaux ne baisseront pas beaucoup, il ne faut pas s'attendre non plus à de fortes hausses d'ici 2014», a dit M. Dannesboe dans sa récente revue du marché des métaux.

La Chine représente maintenant environ 40% de la demande mondiale d'acier, d'aluminium, de plomb, de cuivre et de zinc. Croissance de l'économie chinoise et vigueur du marché des métaux vont donc de pair.

Selon M. Dannesboe, l'économie chinoise progresserait quand même de 8,1% en 2012 et de 7,7% en 2013. En 2011, sa progression a été de 9,2%.

Pour 2012, M. Dannesboe prévoit un prix moyen du cuivre de 3,55$ US la livre, de l'aluminium de 1,00$ la livre et du fer de 116$ US la tonne métrique.

L'analyste recommande toutefois la prudence pour le marché des métaux. M. Dannesboe estime à 30% la probabilité de récession mondiale en 2012. Les prix des métaux tomberaient alors à un prix plancher environ 20% plus élevé que celui de la récession de 2008-2009.

Le cuivre en demande

David Gagliano, de Barclays Capital, fait à peu près la même analyse. Il croit que les principaux indicateurs macroéconomiques vont atteindre leur plancher d'ici six mois. Historiquement, la période qui précède ce plancher est propice pour investir dans les métaux et leurs producteurs.

«En outre, les prix de plusieurs métaux sont près du coût marginal de production de leur industrie. Ce seuil marque souvent le plancher du cycle», a soutenu M. Gagliano.

Le coût marginal d'un métal est le coût de production au comptant au-delà duquel se retrouve 5% du métal mondial le plus cher à produire. Lorsque le prix du métal est inférieur à ce coût, un producteur de cette catégorie sort de l'argent de sa caisse pour chaque kilo vendu, ce qui entraîne souvent une fermeture, un arrêt de production ou une sérieuse rationalisation des exploitations minières.

Selon M. Gagliano, le cuivre est de loin le métal qui offre les plus belles perspectives, du moins, jusqu'en 2014. Les nombreux retards dans la mise en exploitation de nouveaux projets et la baisse de la teneur du minerai restreindront l'offre, alors que la demande de cuivre de la Chine restera vigoureuse. M. Gagliano prévoit un taux de croissance moyen de la demande mondiale de 3,6% de plus pour les quatre prochaines années. Il croit que le prix du cuivre oscillera autour de 4$ US la livre à la fin 2012 ou au début de 2013.

L'aluminium est le métal qui soulève le moins d'enthousiasme. L'industrie souffre d'un important surplus de capacité de production, fruit de 15 années de surinvestissement. M. Gagliano voit le métal s'échanger entre 1,05$ US et 1,25$ US la livre pour quelques années.

Le marché de l'acier, quant à lui, est en phase d'abaissement des stocks des producteurs chinois depuis plus de six mois. Les prix ont reculé, mais M. Gagliano s'attend à une reprise au début de 2012, tandis que M. Dannesboe ne la voit pas arriver avant la deuxième moitié de l'année.

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