La volatilité persistera. L'investisseur autonome devra donc être très attentif à l'évolution des marchés, bien cibler ses investissements et garder le cap.

Gérer son portefeuille n'a pas été chose facile au cours de la dernière année. Et ce ne le sera pas plus au cours de la prochaine.

Au-delà de l'habileté à évaluer les perspectives économiques et à faire les bons choix de placements, l'investisseur autonome devra absolument avoir un bon plan de match et le suivre résolument, conseille Richard Morin, gestionnaire de portefeuille chez Landry Morin.

Le plan de match devra s'appuyer sur une répartition d'actifs, que l'investisseur rééquilibrera chaque fois que cela deviendra nécessaire.

«Malheureusement, c'est la minorité des investisseurs qui ont rééquilibré leur portefeuille en rachetant des actions lorsque les marchés ont baissé substantiellement en 2008», indique le spécialiste.

Aux investisseurs autonomes, le gestionnaire rappelle que, dans l'environnement actuel où le risque guette en permanence, l'objectif n'est pas tellement de maximiser le rendement, mais plutôt d'éliminer les scénarios que l'on ne serait pas capable de supporter.

Il leur suggère également de favoriser une diversification de style de gestion, par exemple valeur versus momentum.

Si on se heurte à une nouvelle crise financière, la diversification géographique apportera peu de protection à court terme, selon lui, car tous les marchés seront affectés.

À suivre

Ce qu'il faudra surtout suivre, ce sont les problèmes que rencontreront les banques dans le monde entier. Les marchés boursiers seront très sensibles à toute détérioration de leur situation, prévient Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale.

«Une nouvelle crise de liquidité minerait les marchés financiers», dit-il.

Si l'on peut éviter cette crise, on évitera également une nouvelle récession en Amérique du Nord, ainsi que dans les pays émergents. Mais peut-être pas en Europe où la croissance pourrait être négative.

La répartition géographique des placements devra en tenir compte. «Vaut mieux éviter l'Europe», précise M. Lettieri.

Il faut aussi garder à l'esprit qu'investir dans les pays émergents comporte un risque plus élevé qu'investir au Canada ou aux États-Unis.

Secteurs

Le choix des secteurs ne sera pas facile non plus au cours de la prochaine année. «Pour gérer le risque de l'environnement actuel, nous préférons être à peu près neutre sur tous les secteurs», dit M. Lettieri. Cela veut dire de maintenir une pondération pour chaque secteur égale à la pondération du marché.

Les seuls écarts qu'il suggère sont de sous-pondérer légèrement les secteurs de la technologie de l'information et des dépenses discrétionnaires, et de surpondérer quelque peu le secteur des matériaux à cause de sa composante en aurifères.

Mais si vous êtes un investisseur à long terme capable de supporter le risque, une bonne occasion pourrait se présenter au cours de la prochaine année, comme ce fut le cas en 2009. Pour l'instant, on évite de prendre des risques, car le rapport risque/rendement n'est pas favorable, explique M. Lettieri.

Mais si les données économiques et la situation européenne devaient se détériorer encore plus, un recul important des marchés pourrait à nouveau se produire. «On en profitera alors pour surpondérer les secteurs les plus cycliques tels l'énergie, les matériaux et tout le secteur industriel canadien», dit l'économiste de la Financière Banque Nationale.

Choix ciblés

Parce que les marchés boursiers pourraient fort bien reculer en 2012, vaut mieux bien cibler ses investissements, explique Stéphan Buu, gestionnaire de portefeuille chez CTI Capital.

Il recommande un assemblage de fonds négociés en bourse (FNB) pour protéger le capital, obtenir un rendement adéquat et obtenir une exposition à certains secteurs privilégiés.

D'abord, au coeur du portefeuille, le fonds XTR, un FNB géré activement par BlackRock Asset Management Canada. Il s'agit d'un fonds équilibré canadien composé d'actions et d'obligations qui verse actuellement un dividende de 6%.

Ensuite, il suggère le FNB américain JNK, un fonds d'obligations de sociétés américaines. Ce fonds verse des distributions mensuelles équivalant à 8% de rendement sur une base annuelle tout en offrant une bonne liquidité à l'investisseur.

De plus, parce qu'il croit que la demande asiatique pourrait permettre aux prix des matières premières de se relever, M. Buu suggère de miser sur les commodités par le truchement du fonds CBR. Ce FNB canadien de Claymore offre une participation à l'ensemble des commodités.

Enfin, le gestionnaire garde une certaine exposition au secteur agricole. L'investisseur peut le faire en achetant le fonds canadien COW, et le fonds américain DBA.