Bon nombre des pannes d'électricité qui surviennent au Québec sont causées par les arbres qui endommagent les équipements de distribution électrique, coûtant plusieurs dizaines de millions par année à Hydro-Québec. La nouvelle chaire de recherche industrielle CRSNG-Hydro-Québec sur le contrôle de la croissance des arbres cherche des solutions.

Lancée en novembre dernier à l'UQAM, la chaire, dotée d'un fonds initial de 1,4 million, mène des recherches dans le but de permettre une meilleure cohabitation entre les arbres et les infrastructures d'Hydro. Elle est dirigée par Christian Messier, professeur au Département des sciences biologiques de l'UQAM, réputé pour ses travaux sur les forêts tempérées et boréales.

«Les arbres jouent un rôle important, dit Christian Messier. Ils fournissent des bénéfices non seulement esthétiques, mais ils ont la capacité de filtrer l'air et de réduire la pollution. En ville, ils forment des îlots de fraîcheur et les gens les adorent. Mais ils ont un effet négatif sur la construction humaine, routes, trottoirs, fils électriques. L'idée, c'est de trouver des moyens de concilier les deux en étudiant leur croissance pour mieux la comprendre.»

Améliorer les techniques d'élagage

Présentement, Hydro-Québec envoie des élagueurs pour couper des branches qui menacent ses installations sur tout le territoire, à des intervalles de deux à cinq ans.

« En comprenant mieux comment se produit la croissance des arbres, et comment ils réagissent à tel ou tel type de coupe, on pourra mieux former les élagueurs pour que les interventions soient plus efficaces, et réduire l'impact visuel des coupes, ainsi que leur impact sur la physiologie de l'arbre, explique le chercheur. On pourra aussi mieux prédire les arbres qui sont à risque et développer des techniques d'entretien pour diminuer les pannes en minimisant le plus possible les interventions. «

Modèle 3D

Un arbre qui subit un élagage trop agressif peut en effet mourir. De plus, lorsque l'élagage est fait de manière unidirectionnelle, l'arbre monopolise toute son énergie pour guérir sa blessure. Les chercheurs de la Chaire ont développé un modèle de simulation en 3D pour mieux comprendre comment réagissent les arbres aux élagages ainsi qu'à des facteurs naturels comme le verglas.

On recueille aussi plusieurs données sur le terrain, car pour nourrir ce modèle 3D, il faut se baser sur la réalité.

« L'hiver dernier, nous avons arrosé un arbre qui devait être coupé de toute façon, pour créer un verglas, et nous avons étudié de façon minutieuse la chute des branches et la biomécanique de l'arbre, dit-il. Nous avons observé quelles branches tombaient et de quelle façon se faisait la déconstruction de l'arbre, dans le but de développer des méthodes d'élagage qui pourraient minimiser les problèmes causés par le verglas, un phénomène courant dans la région de Montréal. «

En dehors de l'appui financier d'Hydro-Québec et du CRSNG (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada), la création de la chaire a été rendue possible par des dons de la Ville de Québec, du Réseau ligniculture Québec, du Fonds de recherche Arbre-Québec et de Zéro CO.