Des finances personnelles bien gérées sont à la base de la réussite financière. Dans cette série de quatre chroniques, nous analysons ce qu'il faut savoir pour prendre les bonnes décisions d'investissements. Dans ce troisième article, on s'intéresse à la philantrophie.

La vie vous a comblé. Santé, succès, famille, et sécurité financière sont au rendez-vous de votre quotidien. Mais vous sentez le besoin d'en redonner un peu.

Le moment est venu de soutenir financièrement une oeuvre qui vous tient à coeur. Et vous aimeriez qu'on se souvienne de vous.

Si vous répondez à une ou plusieurs de ces conditions, c'est que vous êtes prêt pour le don planifié. Vous trouverez facilement une oeuvre à soutenir. Il en existe plusieurs milliers au Québec.

Mais pour donner de la façon la plus efficace, autant pour vous, votre famille, vos héritiers, que pour les bénéficiaires de votre générosité, mieux vaut intégrer cette action dans votre planification financière, explique Lee Ann Davies, directrice des stratégies de retraite au Groupe financier RBC.

Les dons sont déductibles d'impôts, et à cet égard peuvent sembler attrayants. Mais ils impliquent également des débours, et dans certains cas une renonciation à son capital.

Il faut vous assurer que le fait de vous départir de vos ressources financières ne vous causera pas un jour un manque d'argent.

Il existe aussi des moyens de protéger le patrimoine des héritiers tout en laissant libre cours à sa générosité.

Par exemple, le donateur peut contracter une police d'assurance vie d'un montant égal au don versé à un organisme. Cela permettra aux héritiers de récupérer le montant du don dans le patrimoine au décès.

La générosité, ça se planifie. «C'est pourquoi vous avez intérêt à consulter votre conseiller financier afin que cette action fasse partie d'une saine planification financière», dit Mme Davies.

Pas un abri fiscal

Les dons planifiés comportent des avantages fiscaux. Ils permettent d'amoindrir le coût du don, mais pas de l'éliminer entièrement. Généralement, il s'agira d'une déduction de revenus pour fin d'impôt. Ou encore, une exonération de l'impôt sur le gain en capital.

Par exemple, un don de 10 000$ vous permettra une économie d'impôts de 4800$ si vous êtes imposé au taux marginal le plus élevé.

Si vous cédez des titres boursiers sur lesquels vous réalisez un gain en capital de 10 000$, votre économie sera d'environ 2400$, compte tenu que seulement 50% des gains en capitaux sont imposables.

Malgré ces avantages, le don planifié ne doit pas être perçu comme un abri fiscal. «On fait un don parce qu'un organisme nous tient à coeur, que ce soit la Fondation québécoise du cancer, votre université, ou toute autre oeuvre», dit Martin Massé, expert conseil sur les questions de fondation et de don planifié.

Plusieurs façons de donner

Les façons de faire un don planifié sont nombreuses. On peut le faire d'abord en donnant tout simplement de l'argent à l'organisme de son choix. Un reçu permettant de déduire ce montant des revenus imposables du donateur sera émis.

On peut le faire également en cédant certains de ses biens, soit des actifs immobiliers ou des titres boursiers, de son vivant ou par testament. Depuis 2006, les gouvernements fédéral et provincial permettent l'exemption du gain en capital pour de tels dons.

Le secteur de l'assurance-vie offre aussi plusieurs façons de faire un don.

D'abord en désignant un bénéficiaire pour une police d'assurance vie à laquelle vous souscrivez déjà, mais dont vous n'avez plus besoin. Vous recevrez un reçu aux fins d'impôt pour la valeur de rachat accumulée.

Vous pouvez aussi contracter une nouvelle police d'assurance-vie en nommant le bénéficiaire de votre choix. La valeur des primes que vous payerez seront déductibles d'impôt.

Une autre façon consiste à acheter une rente viagère ou constituer une fiducie de bienfaisance. Cela vous permettra de recevoir des revenus de votre vivant, et de verser le capital à l'organisme de votre choix lorsque vous le désirerez, avant ou après votre mort.

Il existe d'autres montages financiers plus complexes que votre conseiller financier pourra vous expliquer.

Petite histoire de la philanthropie québécoise

Ce n'est pas d'hier que la philanthropie est un moyen de financement pour les causes sociales au Québec.

Martin Massé raconte qu'en consultant les archives de l'Université Laval, on retrace ce qui semble être le premier geste concret de sollicitation aux environs de 1906.

La compagnie d'assurances La Sauvegarde fut chargée de faire souscrire «un million de piastres» en faveur de l'Université Laval. On s'adressa alors à la classe dirigeante en proposant la prise de police d'assurance sur la vie d'un montant minimal de 100$. Ce serait l'ancêtre du don planifié au Québec.

Dès le début des années 1900, les institutions religieuses finançaient en partie les oeuvres de santé, d'éducation et de services sociaux grâce à la philanthropie et plus particulièrement aux dons planifiés, relate M. Massé. La Révolution tranquille changea ensuite la donne. «Il y eut alors comme un vide», dit-il.

Mais à partir des années 70, on assista à la floraison des fondations au Québec et partout au Canada. Santé, éducation, recherche seront les thèmes les plus fréquents.

On vit alors se regrouper les grands organismes tels La Fédération des oeuvres de charité canadiennes françaises et L'Association des oeuvres de santé. Avec trois autres organismes, dont deux anglophones, elles formeront à compter de 1966 La Campagne des fédérations du Grand Montréal qui donnera naissance en 1975 à Centraide.