Avec l'apparition prochaine sur le marché des modèles électriques que s'apprêtent à lancer les grands constructeurs automobiles, Hydro-Québec sera appelé à jouer un rôle important en tant que fournisseur d'énergie.

La société d'État a donc intégré pour la première fois l'électrification des transports dans son plan d'action pour 2009 à 2013.

«Hydro-Québec a une volonté ferme de favoriser l'émergence des véhicules hybrides et rechargeables, dit Pierre-Luc Desgagné, directeur principal planification stratégique pour Hydro-Québec. On pense que le Québec est une terre d'accueil parfaite pour les véhicules électriques, et nous parlons à tous les constructeurs en vue d'établir des partenariats.»

Parmi les pôles d'action d'Hydro-Québec pour l'électrification, la question des infrastructures de recharge pour le parc de voitures électriques est une préoccupation importante. La création d'un groupe de travail sur la planification des infrastructures de recharge était annoncée cette semaine pour analyser les besoins des futurs utilisateurs d'autos électriques.

Car si la majorité du temps, celles-ci seront rechargées à la maison pendant la nuit, il n'en reste pas moins qu'il faudra prévoir des bornes de recharge à des endroits stratégiques, compte tenu du fait que l'autonomie des différents modèles offerts sera relativement courte: on parle par exemple de 160 km pour la Nissan Leaf.

«Il faut s'adapter aux besoins des clients pour que ces bornes soient aux bons endroits et au bon moment, dit Pierre-Luc Desgagné. Il faut également déterminer quel sera le meilleur modèle d'affaires à adopter pour offrir le service.»

Actuellement, trois niveaux de recharge existent pour les voitures électriques. Avec une prise ordinaire de 120 V, la recharge se fait en environ 12 heures. La prise de 240 V, de même type que les appareils électroménagers, permet une recharge en huit à 10 heures. On travaille actuellement à concevoir des bornes de recharge rapide de 480 V qui permettraient de charger la batterie à 80% en moins d'une heure.

Projet-pilote à Boucherville

Hydro-Québec collabore également au plus important essai de véhicule électrique au Canada avec Mitsubishi et son i-MiEV, nouveau modèle électrique du constructeur, qui roule déjà sur les routes du Japon.

Dès l'automne prochain, 50 véhicules seront testés à Boucherville avant la commercialisation sur le marché nord-américain.

«Les véhicules seront testés dans toutes les conditions d'utilisation par des employés de la Ville, des employés d'Hydro-Québec et des employés d'entreprises, ce qui pourra nous donner de bonnes informations sur les habitudes de recharge des clients», dit Pierre-Luc Desgagné. On veut tester les véhicules et les bornes sous des conditions climatiques hivernales qui peuvent parfois être difficiles.»

Le projet-pilote, réalisé sur quatre ans au coût de 4,5 millions, permettra aussi d'en apprendre plus sur l'expérience de conduite et la satisfaction des utilisateurs, et l'impact possible sur le réseau de distribution d'Hydro-Québec.

Transports collectifs

Les sociétés de transport du Québec ont présentement dans leurs cartons plusieurs projets d'électrification de leurs réseaux, qui seront progressivement implantés au cours de la prochaine décennie. Elles visent ainsi à diminuer les coûts en carburant ainsi que leurs émissions de GES. Hydro-Québec compte bien encourager ces initiatives.

«Nous sommes prêts à participer financièrement aux études de faisabilité qui visent à électrifier une partie de leur réseau, et à faire en sorte que ces études puissent aller de l'avant», dit Pierre-Luc Desgagné.

Toutefois, cette volonté d'électrifier les transports collectifs suscite certaines critiques. Pierre-Olivier Pineau, professeur agrégé à HEC-Montréal, considère qu'électrifier les transports en commun n'est ni une solution aux GES, ni une voie économiquement attrayante.