Alors que le marché des fusions et acquisitions pourrait être sur le point de redémarrer, comment les entreprises québécoises et canadiennes peuvent-elles en tirer profit?

D'abord, un élément à considérer est la valeur du dollar canadien.

«Si sa force nuit aux exportateurs, elle pourrait rendre des cibles étrangères plus abordables pour les entreprises championnes du Québec et du Canada. C'est intéressant, parce que bien souvent, nos entreprises sont plutôt des proies. Là, certaines pourront devenir des prédateurs», remarque Paul Raymond, associé, avocat chez Ogilvy Renault.

 

Il ne faut pas porter des lunettes roses pour autant, prévient Mathieu Gauvin, comptable agréé et vice-président du groupe de financement d'entreprises chez RSM Richter.

«La force du dollar est intéressante, par contre, la reprise est encore très timide dans plusieurs secteurs aux États-Unis. Les vendeurs demandent tout de même généralement à des prix élevés si on compare avec les profits actuels des entreprises. Les acheteurs doivent donc avoir vraiment confiance en leur cible pour se lancer», croit-il.

Les firmes de construction et de génie-conseil québécoises devraient aussi garder les yeux grands ouverts, précise Me Raymond.

«Leur expertise est reconnue, elles ont un bon capital humain et un bon capital financier. Elles pourront regarder notamment du côté des États-Unis pour accroître leurs parts de marché en profitant du boom dans le domaine des infrastructures lié au plan Obama», affirme l'avocat spécialisé en fusions et acquisitions.

Il croit aussi qu'on devrait regarder du côté des grands fonds américains qui ont investi massivement au Canada il y a quelques années.

«Ces investisseurs doivent revendre à profit après quelques années pour donner un retour sur l'investissement à leurs actionnaires. Là, il sera temps pour eux de le faire. Si les prix des entreprises ont remonté déjà depuis la crise, ils demeurent toutefois réalistes et on pourrait trouver là de belles opportunités pour les investisseurs canadiens», remarque-t-il.

Et est-ce le bon moment de vendre pour une entreprise canadienne?

«Ça dépend de sa situation, mais si on regarde de façon générale, peut-être pas, affirme M. Gauvin. Le profit de plusieurs entreprises a baissé pendant la crise, donc le prix de vente aussi. Lorsque ça reprendra, les prix augmenteront aussi.»

Mais n'est-ce pas dangereux que les acheteurs intéressés changent d'idée lorsque le prix deviendra plus élevé?

«Lorsque le profit est là, remarque M. Gauvin, les gens sont prêts à mettre le prix.»