Le moment serait-il finalement venu de fusionner les trois ordres professionnels (CA, CGA, CMA) qui régissent les activités des comptables et de regrouper tout le monde sous un même toit?

Le Québec est le seul endroit au monde où la profession de comptable est régie par trois ordres professionnels distincts. L'élimination du monopole des CA quant à la vérification et à la certification des états financiers des sociétés publiques rend les ordres comptables de moins en moins différents les uns des autres.

«Les trois ordres comptables travaillent dans les mêmes champs d'activités et doivent donc se parler». dit Daniel McMahon, président de l'Ordre des CA du Québec.

S'agit-il là d'un présage à une fusion des trois ordres comptables?

«La question est légitime, et elle devrait faire l'objet de discussions plus larges», répond-il.

L'Ordre des professions reconnaît les trois ordres comptables, mais on leur a demandé il y a bien longtemps de penser à se regrouper, rappelle François Renauld, président de l'Ordre des CMA du Québec.

En poste chez les CMA depuis 26 ans, M. Renauld a été témoin de quatre tentatives sérieuses de regroupement. La dernière remonte à 2004.

Deux volets

En comptabilité, il existe deux volets: la comptabilité et la conformité.

La comptabilité de gestion permet de faciliter les prises de décisions des gestionnaires d'entreprises.

Ce volet consiste à recueillir les données afin d'évaluer les projets d'investissements et de mesurer les risques.

Pour sa part, la conformité s'adresse à la vérification externe de l'entreprise.

«Avec la fin du monopole des CA sur la vérification, il sera plus difficile de dégager un caractère distinctif à un ordre en particulier», dit François Renaud.

Selon M. Renauld, de l'Ordre des CMA, la tentative de 2004 aurait échoué, notamment, parce que l'Ordre des CA n'a pas réussi à vendre à ses membres l'idée du regroupement. «S'il y a reprise des discussions, il faudra s'y prendre différemment», dit-il.

À son avis, les titres devront demeurer les mêmes car il s'agit d'une marque bien connue. «L'émotivité qui teinte ce type de discussions tient souvent à la marque», rappelle-t-il.

Une culture de concurrence

La culture de concurrence qui existe entre les ordres comptables n'est pas facile à briser, selon François Renauld.

Mais il se dit convaincu qu'il faut en venir à travailler ensemble pour face aux défis qui se profilent à l'horizon, soit la pénurie de comptables et la mondialisation.

«Les comptables vont devoir se regrouper ensemble et se donner un projet plus utile», dit-il. La demande pour les comptables est forte, et il y a pénurie chez les trois ordres.

«Il y a eu une pause durant la récession, mais depuis, le phénomène s'accentue à nouveau», dit M. Renauld.

Résoudre ce problème de pénurie constitue le principal enjeu de la profession, et cela ne peut se faire qu'en déployant les ressources nécessaires au recrutement.

«On part avec un déficit d'image quand on parle de comptable, constate-t-il. Il faut intéresser les jeunes dès le niveau des écoles secondaires et leur montrer le caractère intéressant de la profession.»

Chez les CGA, il n'y a pas, pour l'instant, de discussions quant à une éventuelle fusion des trois ordres.

Selon les données les plus récentes provenant des rapports annuels de chacun des ordres, c'est l'Ordre des CA qui compte le plus grand nombre de membres au Québec, soit 17 477. Les CGA suivent avec 8167 membres et les CMA ferment la marche avec 7442 membres.

Depuis 10 ans, le nombre de CMA a augmenté de 66%, celui des CGA de 20% et celui des CA de 8% seulement.