Une invitante odeur de chocolat risque de se répandre dans la province ! Quinze ans après l'ouverture de leur première crêperie-boutique, rue Saint-Denis, à Montréal, les fondateurs de Juliette & Chocolat sont prêts à étendre leur modèle d'affaires aux franchises. Les brownies, chocolats chauds, crêpes et autres friandises de la chaîne pourraient bien être vendus dans plusieurs régions du Québec et en Ontario dans un proche avenir. « On est prêts à accélérer notre croissance », souligne le cofondateur Lionel May.

Avant de se lancer et d'ouvrir son modèle à tous les intéressés friands de sucré, Juliette Brun et Lionel May voulaient que le concept et son exploitation soient coulés dans le béton. Pendant des années, ils ont décliné systématiquement chaque approche de potentiels franchisés. « On ne voulait pas diluer l'expérience juste pour grandir, avoue Juliette Brun. Je sentais des intérêts purement économiques chez certaines personnes. »

« On voulait un système et un processus de gestion assez solide, ajoute Lionel May. On a mis notre manuel des opérations à jour au cours des derniers mois. Désormais, on peut contrôler chaque chose, qu'on soit là ou pas. »

Du propre aveu du couple, en affaires et dans la vie, il fut difficile d'avoir un regard passif sur l'entreprise pendant longtemps. « On n'a pris aucune journée de congé jusqu'à la naissance de notre première fille », se remémore Lionel May. Après tout, Juliette Brun met encore les mains dans le chocolat pour multiplier les façons de présenter ses produits. Elle n'avait que 22 ans quand son mari et elle ont eu l'idée de « servir du bonheur » dans toutes les déclinaisons chocolatées possibles. Le couple a lui-même trouvé chaque local où il a aménagé des Juliette & Chocolat. « On faisait tout au départ, note Juliette Brun. On nettoyait même les toilettes ! »

Il a fallu un mal de dos et un congé forcé pour que s'opère un premier détachement... temporaire. « J'ai alors réalisé qu'un café pouvait rouler sans nous », confie Juliette Brun.

Il y a cinq ans, le couple, qui mise encore et toujours sur le travail artisanal dans la création de ses produits, a alors décidé de définir dans les moindres détails ce qu'était sa chocolaterie et son plan d'avenir. « On a ainsi commencé à planifier plus longtemps d'avance avec une vision de croissance plus concrète, détaille Lionel May. On a travaillé sur nos compétences en marketing, en stratégie, sur une comptabilité plus poussée... Avant, on était plus réactifs. Aujourd'hui, on est plus conscients du travail à faire pour combler des lacunes et passer au niveau supérieur. »

« On pouvait colmater les brèches avec un, deux ou trois restos, poursuit Juliette Brun. Pas huit. Pour grandir, on ne pouvait plus éteindre des feux. Il ne faut pas gérer au jour le jour, mais avoir une vision à long terme. Or, on avait du mal à prendre ce recul. »

« NOUS VOULIONS FAIRE LES CHOSES DANS LE BON ORDRE »

Maintenant que de grands crus chocolatés se trouvent en quantité suffisante et diversifiée chez les fournisseurs, la direction peut continuer de décliner sa proposition à une plus grande vitesse. « Je ne pense pas qu'il y a un chemin pour les entrepreneurs, estime néanmoins Juliette Brun. On peut l'être avec deux cafés. Moi, je ne me suis jamais vue juste avec un seul. On a besoin que ça bouge. Mais nous voulions faire les choses dans le bon ordre, en étant structurés dans la croissance. »

Cela dit, le couple compte superviser de près cette croissance par franchise. Tout en ne se limitant pas qu'à des franchises dans sa croissance. « L'idée est d'avoir un mix pour aller dans certaines régions, admet Lionel May. On veut aussi être impliqués à toutes les étapes. Le plan est de cinq franchises par an. Après, on vise une accélération. »

Heureusement pour les fondateurs, il se trouverait parmi leurs 300 employés des intéressés ! « Je l'encourage, lance Juliette Brun. Je sais avec qui je m'engage. »

Une façon comme une autre de préserver l'esprit de clan, de famille, pour ce couple qui a cinq enfants. « Je préfère, par exemple, former à l'interne, note Juliette Brun. Il y a une reconnaissance qui s'installe. Notre directrice des ressources humaines a débuté comme crêpière. Ce sont nos meilleurs éléments. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Lionel May et Juliette Brun, propriétaires de Juliette & Chocolat