Les centres de données sont de véritables bêtes de consommation électrique, bêtes que Rianta Solutions, de Kanata, en Ontario, tente de dompter en dessinant des puces moins énergivores.

Pour un président qui prend la peine de préciser que son entreprise ne vise pas la croissance avant tout, Richard Deboer est peu convaincant. Rianta estime qu'elle doublera le nombre de ses employés, qui passera d'environ 40 à 80 d'ici la fin de l'année.

C'est que le créneau dans lequel s'est spécialisée l'entreprise est en pleine expansion.

« Nous avons commencé en dessinant des puces de tous genres à forfait pour le compte de nos clients, raconte M. Deboer. Maintenant, nous nous spécialisons davantage dans les puces destinées aux centres de données. Ce sont des puces qui doivent être capables de répondre à beaucoup de requêtes tout en consommant peu d'énergie. Il y a beaucoup de demandes pour réduire la consommation d'énergie. Notre mesure principale, c'est l'énergie utilisée pour chaque opération. »

Cette spécialisation s'est produite de façon organique pour l'entreprise fondée en 2012.

« Nous avions quelques employés spécialisés dans ce domaine, mais ce sont surtout les clients qui nous ont orientés là-dedans. C'est tout simplement devenu un marché très fort », explique M. Deboer.

Troisième projet

Rianta Solutions est déjà la troisième entreprise cofondée par M. Deboer et Nizar Rida.

La première, en 1997, a été achetée en 1999 par l'américaine Lucent. Les deux hommes ont ensuite créé Galazar en 2001 et l'ont revendue en 2009 à Exar.

« Exar a fermé notre division en 2012, poursuit M. Deboer. Moi, Nizar et huit autres employés avons donc fondé Rianta. »

Toutes ces entreprises étaient actives dans la conception de puces informatiques. Mais contrairement aux précédentes, Rianta se limite aux dessins et aux tests de qualité.

« Nous avons choisi de nous concentrer là-dessus parce que c'est beaucoup plus facile à financer. Quand nous avons commencé, en 1997, il en coûtait environ 1 million de dollars pour développer une puce. C'est un montant que l'on pouvait faire financer. Maintenant, on travaille sur des puces qui coûtent 100 millions de dollars à développer, ce n'est plus possible. »

L'envers de la médaille, c'est que les produits conçus par Rianta ne lui appartiennent généralement pas. Mais la balance est en train de se renverser dans ses négociations avec ses clients.

« Notre but est de garder autant de propriété intellectuelle que possible. Il y a quatre ans, on n'arrivait pas du tout à en conserver. Présentement, je dirais que c'est autour de 20 ou 25 %. C'est comme ça que nous arriverons à créer de la valeur. »

Rianta vient justement d'obtenir une aide financière d'environ 440 000 $ du gouvernement du Canada pour développer sa propre propriété intellectuelle. Plus précisément, il s'agit de concevoir des composantes « maison » qui pourront être réutilisées dans divers designs de puces, accélérant du coup leur développement et réduisant la facture.

Malgré le recrutement qu'elle a déjà amorcé, Rianta assure que ses efforts ne se concentrent pas sur la croissance.

« Nous pourrions facilement grandir plus vite, mais nous voulons nous concentrer à garder notre équipe heureuse. »

• QUI : Richard Deboer, Nizar Rida, huit autres cofondateurs et une trentaine d'autres employés

• L'IDÉE : concevoir des puces spécialement destinées aux centres de données

• L'AMBITION : maintenir les clients et les employés heureux

• ILS Y CROIENT ET Y ONT INVESTI DE L'ARGENT : les 10 cofondateurs