Gagner de 4 à 6 % en productivité, et ce, chaque année. C'est l'exploit qu'a réalisé ces derniers temps le fabricant d'unités de chauffage Stelpro. Yves Chabot et François Séguin, deux des dirigeants de l'entreprise, détaillent les étapes qui les ont conduits à ce succès.

Chaque matin, c'est la même routine qui se déroule à la production de l'usine de Stelpro à Saint-Bruno-de-Montarville.

Réunis en petits groupes, les employés et leur superviseur discutent de la production de la veille et envisagent celle à venir. Une mesure parmi tant d'autres qui n'a qu'un seul objectif : assurer des gains continus en productivité.

C'est que Stelpro fait tout pour maintenir son avance sur ses concurrents étrangers. Des entreprises susceptibles de fabriquer à moindre coût les unités de chauffage et autres produits connexes qui font sa spécialité.

« Fabriquer en Amérique du Nord, c'est un gros défi, explique à ce sujet Yves Chabot, président de Stelpro. Pour nous, améliorer la productivité, ce n'est pas un choix. C'est une obligation. »

Et l'entreprise s'y attarde depuis plusieurs années déjà.

Pour commencer, elle a suivi l'initiative de plusieurs et considéré la déferlante de techniques japonaises d'amélioration des processus de fabrication.

Méthode Kaizen, 5S, etc. : tout y est passé.

Mais selon Yves Chabot, l'adoption de ces méthodes n'aurait pas été aussi rentable si elle n'avait pas été jumelée à un programme de formation des employés et de suivi de leur travail.

« On s'est rendu compte que de travailler sur le comportement des gens avait un double impact pour nous. » - Yves Chabot, président de Stelpro

Au centre de cette stratégie se trouvent les superviseurs des équipes de travail. Ce sont eux que Stelpro forme en premier afin d'assurer une cadence de production qui respecte ses prévisions.

« Tu as beau optimiser ta chaîne de production, mais si tes gestionnaires n'ont pas les bons réflexes, tu n'iras pas chercher tous les gains qui y sont associés », explique pour sa part François Séguin, vice-président exploitation chez Stelpro.

« En plus, le retour sur investissement est beaucoup plus rapide lorsqu'on cherche à améliorer le comportement des gestionnaires plutôt que d'investir dans l'automatisation ou la robotisation », ajoute-t-il.

LA CLÉ : DES SUPERVISEURS BIEN FORMÉS

Chez Stelpro, on compte une douzaine de ces superviseurs. Chacun chapeaute le travail d'une vingtaine d'employés.

À la réunion qu'ils ont avec leur équipe chaque matin s'en ajoute une seconde, entre eux cette fois-ci. Des réunions au contenu parfois répétitif, admet Yves Chabot, mais qui rapportent, assure-t-il.

« Les entreprises essaient souvent cette approche un certain temps avant de l'abandonner. Ça a été notre cas par le passé, mais aujourd'hui, on l'a remise en place, et on voit les bénéfices. » - Yves Chabot, président de Stelpro

À ces réunions s'ajoute un suivi de la production de chaque employé en cours de journée. Le superviseur vérifie alors s'il répond aux objectifs fixés tant en matière de productivité, de qualité que de santé et sécurité. Il en profite aussi pour l'aider à résoudre les problèmes qui se présentent à lui.

« On est maintenant proactifs dans notre approche, explique Yves Chabot. Tout notre système de production est basé sur cette façon de faire. »

AUTOMATISATION ET ROBOTISATION

Cette stratégie, pilotée par une équipe de quatre employés responsables de l'amélioration continue, permet à Stelpro d'obtenir des gains de productivité annuels de 4 à 6 %.

L'entreprise qui compte globalement plus de 400 employés investit maintenant dans l'automatisation et la robotisation de certains postes de travail.

Une étape de plus pour gagner encore une fois cette année en productivité.

CINQ CONSEILS

Comment mettre en place un processus d'amélioration de la productivité en continu ? Yves Martin, expert-conseil en productivité dans les PME, y va de ses conseils sur le sujet.

Établir un plan personnalisé Attardez-vous d'abord aux priorités. Faut-il réduire les délais de livraison ? Régler des problèmes de qualité ? Une fois la problématique ciblée, appliquez une méthode appropriée, propose le spécialiste. « Il faut y aller par étapes », dit-il.

Optimiser d'abord La robotisation et l'informatisation doivent se faire seulement après l'optimisation des processus, selon Yves Martin. « Il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs, dit-il. C'est peut-être moins "glamour", mais ça permet surtout d'éviter de tourner en rond. »

Former le personnel Pensez à ajouter 20 % à votre budget pour l'allouer à la formation des employés concernés par la mise en place de nouvelles pratiques. « Vous avez six fois plus de chances que votre projet soit un succès si les employés concernés par le projet sont encadrés professionnellement », dit-il.

Mettre en place une structure de suivi des décisions Pour encadrer l'ensemble des processus, utilisez un diagramme de Gantt, ou un simple fichier de type Excel. Vous vous en servirez lors des réunions de production pour assurer le suivi.

Mesurer les progrès Établissez un indicateur de performance pour chaque projet. Si votre gestion est active, vous vous servirez de ces objectifs pour faire le suivi durant la journée. Sinon, ce sera à la fin de la journée ou de la semaine.