Lorsque les affaires déclinent, l'entrepreneur doit réagir. C'est ce qu'a eu à faire Francis Caron, président de Tube Caron, à l'aube de 2015. Il nous confie les décisions qu'il a prises afin de relancer les affaires de son entreprise de pliage de tubes de métal.

LE DÉFI

Tube Caron anticipait une hausse de ses activités. Mais après avoir embauché une dizaine d'employés, l'entreprise en est arrivée à un dur constat : les commandes n'étaient pas au rendez-vous.

LA SOLUTION

Pour maintenir sa rentabilité, la PME a dû prendre une série de décisions difficiles et prépare maintenant sa relance.

Tube Caron a traversé plusieurs tempêtes depuis sa fondation en 1987. Mais celle qui l'a secouée l'année dernière l'a amenée à apporter bien des changements.

L'entreprise est à l'oeuvre dans un secteur de pointe de l'industrie des transports, et conçoit des pièces pour l'industrie lourde, notamment celle des autobus.

« Notre spécialité, c'est le pliage de tubes de métal pour des assembleurs de véhicules lourds, explique Francis Caron, président et cofondateur de cette entreprise qui emploie ses quatre enfants. On fait autant de la tubulure de moteurs que des tuyaux d'échappement ou d'admission d'air. »

La PME de Lanoraie a fait sa niche dans les petits lots, travaillant avec des processus standardisés ISO en misant sur des outils que ses employés ont eux-mêmes conçus et assemblés. « Ça nous a permis d'éliminer plusieurs étapes de soudure, explique l'homme d'affaires, et d'être plus flexibles que nos plus gros concurrents. »

Mais à l'hiver 2015, cet avantage compétitif ne suffisait plus. Le carnet de commandes de Tube Caron s'est tari. L'entreprise anticipait pourtant une hausse de ses activités, et s'y était préparée en gonflant son nombre d'employés de 20 à 31 depuis 2008.

« On croyait entre autres que Volvo allait déménager sa division d'assemblage de machinerie lourde en Amérique du Nord, mais ça n'est pas arrivé, explique-t-il. On a eu l'information en novembre, et on a essayé d'étirer l'élastique le plus longtemps possible, mais à l'hiver, il a fallu réagir. »

DES CHANGEMENTS

Cette réaction s'est d'abord traduite par une série de mises à pied. Un processus « très pénible », selon Francis Caron.

« Comme nos processus étaient déjà optimisés, il a fallu qu'on réduise le personnel en y allant de façon rationnelle et pas du tout personnelle, confie-t-il. Tout ça nous a demandé quatre mois de préparation. »

Au printemps, l'équipe n'était plus formée que de 22 employés. Mais le travail de relance ne faisait que commencer.

« On cherche à s'améliorer à plusieurs niveaux. »

- Francis Caron, président et cofondateur de Tube Caron

D'abord, stimuler les ventes. Après avoir refait son site web, l'entreprise cherche maintenant à se faire voir par ses clients potentiels à l'international. L'objectif : réduire sa dépendance envers un groupe limité d'une trentaine de donneurs d'ordres.

« Pour la même raison, on évalue la possibilité de lancer nos propres produits, explique le président de Tube Caron, sans vouloir divulguer de quoi il pourrait s'agir exactement. On est une entreprise qui fait du design technique, mais on l'a toujours utilisé seulement pour servir les autres. »

L'entreprise a également rapatrié à l'interne l'étape de peinture qu'elle sous-traitait jadis, augmentant la valeur ajoutée à certaines de ses pièces. Pour la même raison, elle prévoit bientôt se charger de l'enduisage au zinc. « On a déjà acheté l'appareil, explique l'homme d'affaires. Il reste seulement à l'installer. »

Pour l'instant, difficile de savoir si cet ensemble de mesures permettra à l'entreprise de retrouver le chemin de la croissance. Chose certaine, assure son président, l'entreprise n'a jamais rencontré de difficultés financières, mais a plutôt réagi avant qu'elles ne se présentent. « On a toujours été plus proactifs que réactifs », confie-t-il. Voilà peut-être une partie du secret de la longévité de cette entreprise qui fêtera l'an prochain ses 30 ans.

CINQ CONSEILS

Comment bâtir un plan de crise lorsque l'économie ne nous fait pas de cadeau ? Larry Karass, stratège d'entreprise et président de Stratik International, y va de ses conseils sur le sujet.

Prévoyez le pire

Déterminez dans votre plan d'action, rédigé à la suite de l'exercice de planification stratégique, quels sont les indicateurs précis à considérer. Si un jalon n'est pas atteint, il faudra lever un drapeau rouge.

Pensez à l'avance

Associez à chacun de ces indicateurs une ou des mesures correctives à adopter. « Cette façon de faire permet de prévoir à l'avance, et non en réaction, des options de solution devant différents scénarios allant du meilleur au pire », indique le spécialiste.

Entourez-vous

C'est souvent lors de situations complexes ou de prises de décision difficiles que la direction d'entreprise profite du soutien et de l'expertise de ressources externes.

Recentrez-vous

Pour passer à travers une crise, il faut recentrer ses activités autour de celles qui sont les plus porteuses à moyen terme, en s'assurant que toutes les phases d'exécution sont bien rodées.

Pensez autrement

Pour y arriver, il faudra peut-être restructurer les équipes de travail, sous-traiter des opérations, tisser des alliances stratégiques ou même se défaire de certains actifs, souligne Larry Karass.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

-Lanoraie, Quebec---SOUS-LA-LOUPE PME-atelier de fabrication de Tube Caron --- - JEUDI 03 DECEMBRE 2015----AFF # 792 396