Faire la récolte des légumes directement à l'épicerie. Voilà le projet un peu fou d'une petite entreprise de Saint-Pacôme, dans le Bas-Saint-Laurent. Son président Martin Brault dévoile les grandes lignes de sa stratégie qui le conduira bientôt vers une preuve de concept.

Décembre nous amène rarement à parler d'agriculture. Et pourtant, il existe des façons de produire de la laitue en hiver.

L'une d'elles a été mise au point par Inno-3B, petite entreprise de Saint-Pacôme, dans le Bas-Saint-Laurent. La PME a conçu un système de croissance des végétaux qui repose sur des modules empilés les uns sur les autres. Tous sont installés dans une enceinte où la température et l'humidité sont contrôlées, et chacun gère à la fois l'irrigation et l'éclairage de façon optimale.

«Un des avantages de notre approche, c'est qu'on mesure nos rendements en fonction du volume et non de la surface exploitée», souligne d'ailleurs Martin Brault, président d'Inno-3B.

La technologie est avant-gardiste, mais pas unique, et l'ingénieur de formation l'a découvert bien vite. Selon lui, il fallait donc trouver une façon de se distinguer de la concurrence.

C'est en s'intéressant au problème de perte des aliments dans les épiceries qu'il a imaginé une stratégie pour rendre son entreprise unique.

«Environ 30% des aliments frais finissent dans les conteneurs plutôt que d'être vendus, et on s'est dit qu'on pourrait se servir de cette problématique pour intéresser les épiceries au système qu'on souhaite mettre en place.»

Son idée: utiliser les unités de croissance non seulement pour la production des légumes, mais aussi pour le transport. «De cette façon, les aliments demeurent non seulement frais plus longtemps, mais continuent de pousser en se rendant à l'épicerie», dit-il, sourire en coin.

Une preuve de concept

L'idée est intéressante. Après tout, la fraîcheur des légumes vendus en épicerie serait prolongée de quelques jours, voire des semaines s'ils y étaient récoltés. Il reste maintenant à convaincre les gens de l'industrie de bien vouloir changer leurs pratiques. Une tâche loin d'être mince, on s'en doute.

Pour y arriver, Inno-3B a adopté une approche méthodique, en planifiant soigneusement chacune des étapes qui la séparent d'une éventuelle preuve de concept.

La première: accumuler des données sur les rendements de croissance possibles avec son approche. Un travail long de huit mois, mené par Biopterre, le Centre collégial de transfert technologique (CCTT) associé au cégep de La Pocatière.

Ces données en mains, l'entreprise a ensuite fait des calculs et des simulations pour évaluer la rentabilité de son approche.

Elle en a aussi profité pour déposer des brevets tant sur sa technologie que sur sa stratégie de distribution. «On sait que les financiers accordent beaucoup de valeur à la stratégie de propriété intellectuelle, explique Martin Brault, alors on a bien fait nos devoirs.»

Il reste maintenant à tester le tout sur le terrain. Une étape qui nécessite l'implication de tiers. Heureusement pour elle, Inno-3B a rapidement déniché un distributeur et trois épiciers intéressés par l'aventure.

«Maintenant, notre objectif est de montrer que tout le monde peut y gagner», lance Martin Brault.

C'est en mars prochain que débuteront les essais. Outre la laitue, qui peut pousser de façon très dense, l'entreprise évaluera la possibilité de faire croître des micropousses de blé et de maïs, ainsi que des fines herbes.

LE DÉFI

Inno3B souhaite intégrer son système de production agroalimentaire en environnement contrôlé à la chaîne d'approvisionnement des épiceries pour augmenter la fraîcheur des aliments qui y sont vendus.

LA SOLUTION

Pour démontrer à toute une industrie la viabilité économique de son approche, l'entreprise a réuni un distributeur et trois épiciers. Ensemble, ils testeront prochainement l'approche de la PME.