SweetIQ est née en 2012 d'une découverte toute simple, tellement simple qu'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé: il n'existe pas d'outils pour analyser l'impact local des grandes campagnes de marketing.

Trois ans plus tard, l'entreprise montréalaise fondée par Mohannad El-Barachi et Michael Mire s'apprête à embaucher son cinquantième employé et a annoncé, au début du mois de novembre, avoir bouclé sa ronde de financement de série A avec 4,2 millions de dollars.

L'entreprise, qui avait d'abord en 2010 la mission de concevoir les fiches des entreprises pour des outils comme Google Maps, est devenue deux ans plus tard une «plateforme d'automatisation pour le marketing local». Elle est utilisée aujourd'hui par une centaine de grandes entreprises et d'agences en Amérique du Nord, parmi lesquelles McDonald's, Domino's Pizza, FedEx et Bell Canada. Malgré la mondialisation et l'omniprésence de l'internet, on oublie trop souvent l'importance du marketing local, explique M. El-Barachi, PDG de SweetIQ.

«L'an dernier, on a vu un changement de l'attitude des compagnies. Elles comprennent maintenant que le marketing local aide à attirer les gens dans leurs magasins ou leurs concessionnaires. Aujourd'hui, je peux dire à mes clients, pour toutes les campagnes qu'ils analysent avec nous, combien de clients sont entrés dans leurs magasins. Au-delà du nombre d'impressions, ils connaissent le nombre de clients.»

De la technologie, pas du marketing

On a beau voir grimper d'année en année les statistiques d'achats en ligne, «97% des achats continuent de se faire en magasin», rappelle-t-il. L'analyse de données repose sur une grande quantité de paramètres gérés par une plateforme que M. El-Barachi, programmeur diplômé de l'Université Concordia en science informatique et science politique, a patiemment bâtie au cours des années avec ses partenaires. L'accumulation de données depuis cinq ans lui permet même de proposer des prédictions à ses clients.

Et ça marche vraiment? «Oui, absolument, c'est pour ça que notre ronde de financement a eu autant de succès, répond le PDG de 34 ans. Nous, on donne les outils, on a une équipe qui fait également de la stratégie. On n'est pas une agence de marketing, mais une entreprise de technologie. Le "IQ" dans notre nom, c'est pour l'intelligence qu'on va donner.»

Il ne s'agit pas d'une recette ou d'une formule universelle qu'on peut appliquer à toutes les entreprises et tous les domaines, tient-il à préciser. Au-delà de l'analyse, SweetIQ propose en outre des services «complémentaires» pour fidéliser la clientèle avec des promotions ou établir des corrélations entre la recherche en ligne et la visite en magasin en utilisant les capacités de géolocalisation des téléphones intelligents.

La plus récente ronde de financement servira notamment à améliorer les capacités d'analyse de la plateforme en lui ajoutant d'autres sources de données. Une expansion aux États-Unis est également au menu, ainsi que quelques acquisitions stratégiques. Si M. El-Barachi ne veut pas préciser son chiffre d'affaires - «c'est dans les millions» - , il rappelle avec fierté qu'il a triplé chaque année depuis maintenant trois ans. La prochaine expansion dans les cartons: doubler les effectifs de l'équipe de développeurs pour élargir la gamme de produits.

> Qui: Mohannad El-Barachi et Michael Mire, ainsi que 42 employés (50 d'ici la fin de l'année).

> L'idée: une plateforme d'analyse de l'impact local des campagnes de marketing.

> L'ambition: percer le marché des États-Unis, élargir la gamme de produits.

> Ils y croient et ont investi de l'argent: Plaza Ventures, Rothenbeg Ventures, Desjardins-Innovatech, Otimo Retail Group, Real Ventures.