De toutes les craintes susceptibles de freiner le désir d'un entrepreneur de se lancer sur les marchés étrangers, le risque de change l'emporte devant, par exemple, la conjoncture économique et politique, le transport ou le respect du droit.

Pourtant, les faibles perspectives de croissance au Canada liées à une population vieillissante devraient inciter la PME à oser l'aventure hors frontière.

Pour s'y préparer, comprendre et maîtriser le risque de change dans la mesure du possible, Desjardins, Études économiques vient de publier une analyse qui permet de jauger l'importance du change et les dangers de s'en remettre au petit bonheur la chance.

Le premier élément qu'il importe d'avoir en tête est que notre monnaie fluctue face aux autres, et ce, tous les jours. Ces fluctuations ont tendance à s'aggraver depuis le début du millénaire et, en particulier, depuis que le huard a amorcé sa vive remontée face au billet vert en 2003.

Évidemment, plus grande est la volatilité, plus grand devient le risque de change. Cela peut facilement faire la différence entre une transaction finalement rentable et une où le profit de l'entrepreneur s'évanouit à cause d'un taux de change qui a bougé entre la signature du contrat et le paiement de la transaction.

Les tendances à moyen terme de la valeur d'une monnaie face à une autre sont déterminées par quelques grandes variables mesurables comme la politique monétaire d'une banque centrale, la balance des comptes courants d'un pays, ses finances publiques ou les prix des matières premières qui jouent un rôle de premier plan dans son économie comme le pétrole pour le Canada.

Cela dit, la spéculation nourrit beaucoup la volatilité des taux de change et leur évolution à court terme. Le marché des devises est de loin le plus actif des marchés financiers.

Les ministres des Finances et les banquiers centraux du G-20 estiment d'ailleurs que la volatilité des taux de change reste un défi pour l'économie mondiale.

Néanmoins, la grande majorité estime aussi qu'un régime de taux flottant reste préférable à celui des taux de change fixes, comme cela prévalait au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, ou arrimés à une autre monnaie, comme le sont en partie le yuan chinois ou les monnaies des monarchies pétrolières face au billet vert américain.

Il existe deux types de couverture de change.

La première est dite naturelle. Elle consiste grosso modo à apparier revenus et dépenses dans une même monnaie. Par exemple, en ayant des fournisseurs en provenance du pays où la PME exporte ou dans celui où elle s'est financée.

Évidemment, s'approvisionner dans un pays étranger et exporter dans un autre, c'est doubler le risque de change plutôt que de l'apparier.

L'entrepreneur aurait tort de croire que le dollar canadien évolue de la même façon contre toutes les autres grandes monnaies. En fait, les monnaies fluctuent les unes contre les autres. Les variations de l'une peuvent être plus prononcées qu'une autre, selon les périodes.

Voilà pourquoi le recours à des instruments financiers peut s'avérer une sage décision. C'est le deuxième type de couverture.

Il existe trois grandes familles de ces instruments : le contrat de change à terme qui précise le taux de change à une date déterminée ; l'option de change qui fonctionne à la manière d'une option d'achat ou de vente sur le marché des actions ; et le swap de devises qui consiste en deux transactions de même valeur, mais opposées et effectuées simultanément.

Ces instruments sont très utilisés par les spéculateurs, mais ils peuvent servir à réussir des transactions commerciales. Et de toute façon, comme le souligne Desjardins, ne pas tenter de se couvrir contre le risque de change, c'est aussi une forme de spéculation.

Avec ou sans instrument de couverture de change, l'entreprise aura à gagner à faire partie d'une chaîne de valeur mondiale. En particulier depuis qu'il lui faut songer à faire affaire ailleurs qu'au Canada ou aux États-Unis.

Depuis le début du millénaire, les expéditions internationales aboutissent davantage aux quatre coins de monde.

Sur 71,8 milliards de dollars d'exportations en 2000, 63,5 milliards étaient destinés aux États-Unis.

En 2014, sur 75,8 milliards, ce n'étaient plus que 53,0 milliards qui partaient chez l'Oncle Sam.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Sources : Bloomberg et Desjardins

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Sources : Datastream et Desjardins