En 1995, Robert Schachter a relancé Fleurco, le fabricant de portes de douche fondé par son père 30 ans plus tôt. Pour renforcer la PME montréalaise, M. Schachter a recruté deux associés dont les compétences complétaient les siennes.

En 1995, après la fermeture de Fleurco, l'entreprise fondée par son père en 1963, Robert Schachter est allé travailler pour un concurrent. Mais quatre mois plus tard, il revenait au bercail pour relancer la PME familiale sur de nouvelles bases.

«La première personne que j'ai embauchée, c'est un designer industriel, raconte M. Schachter, aujourd'hui âgé de 55 ans. C'était une industrie fatiguée qui avait besoin d'un vent de renouveau. Il fallait s'inspirer de ce qui se faisait en Europe.»

Mais pour le jeune entrepreneur, il ne suffisait pas de créer de nouveaux produits. En reprenant contact avec les anciens clients de l'entreprise, il s'engageait à leur offrir le meilleur service possible. «J'essayais de me mettre dans leur peau et de les servir comme je voudrais l'être moi-même, affirme-t-il. Je cherchais toujours une façon de ne pas leur dire non.»

Recrutement des associés

En 1998, Robert Schachter a racheté la participation de 50% que détenait son associé de la première heure. Dans les mois qui ont suivi, il a embauché Mark Reinish, qui avait travaillé pour le célèbre fabricant de baignoires Maax, de la Beauce. Voulant minimiser les chances de perdre ce spécialiste des procédés de fabrication, M. Schachter lui a offert, un an plus tard, de devenir associé dans l'entreprise.

Puis, en 2003, Robert Schachter a recruté un autre ancien de Maax, Michael Salamon, qui connaissait à fond le marché américain, que Fleurco cherchait alors à percer. Lui aussi est devenu associé l'année suivante.

Détail important: M. Schachter n'a pas demandé à ses nouveaux associés d'investir dans l'entreprise. Il a donné 10% des actions de Fleurco à chacun d'entre eux en échange de leur loyauté. C'était conforme à la philosophie de l'entreprise. À preuve, depuis plusieurs années, Fleurco partage une partie de ses profits avec ses salariés pour que ceux-ci se sentent associés aux succès de l'entreprise.

Pour se protéger mutuellement, les trois associés ont conclu une convention d'actionnaires. «Nous avons un contrat, mais nous n'avons jamais eu à le sortir, se félicite Robert Schachter. Notre objectif, c'est que ça continue comme ça.»

Marché américain

Après la récession de 2008, les affaires ont graduellement repris aux États-Unis. Si bien qu'en 2011, Fleurco a racheté l'entrepôt de son distributeur pour le nord-est du pays, question de mieux contrôler son développement là-bas. Au cours des prochaines années, l'entreprise aimerait se doter d'un autre entrepôt pour mieux desservir l'Ouest américain.

Par contre, l'Europe n'est pas dans la ligne de mire de Fleurco. «Il y a tellement de concurrence là-bas que ce serait difficile de s'y faire une place», estime M. Schachter.

Le catalogue de Fleurco compte aujourd'hui pas moins d'une dizaine de gammes de produits. L'entreprise confie désormais la moitié de sa production à des sous-traitants asiatiques, mais continue de fabriquer ses produits les plus complexes dans son usine de l'arrondissement de Saint-Laurent.

Ces dernières années, Fleurco a amorcé une diversification en ajoutant des baignoires à son offre. L'entreprise évalue maintenant la possibilité de se lancer dans la robinetterie. Comme pour bien des entreprises, l'innovation n'est pas un luxe pour Fleurco. En 2008, le fabricant a conquis le marché avec les portes de verre Kinetik, suspendues sur de grosses roues en inox. Mais quelques années plus tard, les copies étaient légion.

«La concurrence, c'est comme un tapis roulant, ça n'arrête jamais», constate Robert Schachter.



FLEURCO 

Année de fondation: 1963

Actionnaires: Robert Schachter, Mark Reinish et Michael Salamon

Employés: 80

Revenus annuels: 25 millions

Secteur: fabrication de portes de douche

Le défi:

Le président de Fleurco, Robert Schachter, souhaitait élargir la palette de compétences de son entreprise.

La solution:

Fleurco a embauché deux cadres qui avaient une longue feuille de route dans l'industrie. Pour aligner pleinement leurs intérêts sur ceux de l'entreprise, il en a fait ses associés et a attribué à chacun une participation de 10% dans le capital-actions.