C'est l'histoire d'un studio de jeux vidéo constitué en société par actions aux États-Unis, financé par des investisseurs chinois et implanté... à Saint-Lambert.

Cloudcade n'est résolument pas le premier nouveau studio de jeux vidéo pour les appareils mobiles à ouvrir ses portes dans la région montréalaise, mais son histoire se distingue largement du moule habituel.

Le cofondateur et chef des technologies, Mathieu Rouleau, était à pied d'oeuvre comme associé chez Edgebee, entreprise spécialisée dans les jeux utilisant la technologie Flash, quand il s'est mis à recevoir une série de courriels d'un dénommé Di Huang, installé dans la Silicon Valley, qui voulait lui proposer un projet.

À force d'insister, M. Huang a fini par obtenir de M. Rouleau qu'il accepte une conversation par Skype.

«On reçoit beaucoup de courriels du genre quand on gère une entreprise, mais à ce moment, j'ai rapidement compris que lui n'était pas comme les autres», raconte M. Rouleau.

Après une courte visite en Californie - «On ne lance pas une entreprise avec quelqu'un sans jamais l'avoir rencontré, quand même!» -, Cloudcade est née au printemps dernier. Elle est constituée en société par actions aux États-Unis et exploite un bureau à San Francisco, mais c'est à Saint-Lambert, sous la supervision de M. Rouleau et de Johan Eile, vétéran de l'industrie montréalaise du jeu vidéo, qu'elle exerce la grande majorité de ses activités.

Le choix de la municipalité de la Rive-Sud n'est d'ailleurs pas anodin dans le développement de l'entreprise, qui y emploie une dizaine de personnes. «Notre but est de garder un nombre relativement peu élevé d'employés, explique M. Rouleau. On n'accomplit pas de grandes choses par la quantité, mais par la qualité. Et nous n'aurions jamais été capables d'assembler l'équipe que nous avons dans l'île de Montréal. Nous avons recruté des gens très bons dans leur discipline et notre emplacement est la clé. Le fait qu'ils puissent réduire leur temps de déplacement de une heure ou une heure et demie à 15 minutes est un gros avantage.»

Anciennement actif chez Montréal International, THQ et Ubisoft, M. Eile a lui-même pu constater l'intérêt d'autres entreprises montréalaises du secteur pour une telle solution.

«Je connais d'autres entreprises qui ont pensé à ouvrir sur la Rive-Sud ou la couronne nord. C'est normal, il y a environ 25% de la main-d'oeuvre qui habite l'une et 25%, dans l'autre.»

Un oeil sur l'Asie

L'autre particularité de Cloudcade, un nom obtenu par contraction des mots «cloud» et «arcade», c'est d'avoir tout récemment obtenu un financement de 1,55 million de la part d'IDG Capital, firme établie à Pékin.

«Di Huang a fait le tour des investisseurs de la Silicon Valley et a obtenu un bon accueil, mais les gens d'IDG Capital voulaient être seuls dans l'opération», explique M. Rouleau.

L'entreprise a pour objectif de se concentrer d'abord sur le marché nord-américain, mais est consciente des atouts que lui procure cet actionnariat en vue d'une éventuelle percée asiatique.

Le premier titre de Cloudcade devrait faire son apparition au début de 2015. On vise à créer un jeu avec un univers multijoueurs très axé sur la collaboration et dont l'expérience de jeu comporte plus de profondeur que les jeux mobiles habituels.

«Avec notre structure et nos investisseurs, nous avons l'opportunité de faire un jeu de grande qualité et on va la prendre, assure M. Eile. Si ça prend deux semaines de plus que prévu, ce n'est pas grave.»

Qui: Di Huang, Mathieu Rouleau, Johan Eile et une dizaine d'employés

L'idée: Des jeux mobiles de qualité distribués gratuitement (free to play)

L'ambition: Divertir le plus grand nombre de gens possible avec des jeux mobiles qui pourront séparer les amateurs de leur PlayStation

Ils y croient et y ont investi de l'argent: Di Huang, IDG Capital (Chine), Mathieu Rouleau et Johan Eile