Implantée sur un domaine de 30 hectares à Dunham, Union libre cidre & vin peut sembler modeste. Les apparences sont toutefois trompeuses. En moins de trois ans, l'entreprise a fait passer sa production de 6000 à 85 000 bouteilles. Un chiffre qu'elle compte amener à 250 000 bouteilles d'ici 5 ans. Elle doit son succès en grande partie à son produit-vedette, le cidre de feu.

Élaboré depuis 2010, cet alcool haut de gamme est obtenu grâce à l'action de la chaleur. Il n'a rien à voir avec le vin chaud et son goût est beaucoup moins sucré que celui du cidre de glace. «Les pommes sont cueillies à la main et pressées. On extrait ensuite le nectar contenu dans le jus à l'aide d'un évaporateur électrique [Écovap] conçu initialement pour l'eau d'érable, raconte Rémi Filion, l'un des quatre propriétaires d'Union libre. Près de 80% de la quantité initiale des pommes s'évapore en eau. Le concentré final est par la suite placé dans des cuves en inox où il fermentera plusieurs semaines à basse température.»

Comme le cidre de glace, le cidre de feu nécessite de 80 à 100 pommes pour une bouteille de 375 ml et doit attendre un an avant d'être commercialisé. Ces impondérables font qu'une bouteille se détaille autour de 25$. Un prix qui ne semble pas décourager les amateurs.

«Notre équipe vit ce printemps sa première rupture de stock à la SAQ. Nous allons regarnir les tablettes d'ici juillet afin de répondre à la croissance», partage Anouschka Bouchard, une des propriétaires, avec François Busque et Martine St-Onge.

Pour atteindre ses objectifs de croissance, le quatuor ne compte pas uniquement sur la Société des alcools du Québec (SAQ). Il souhaite aussi attirer la clientèle à son domaine. Pour ce faire, il s'attaque cette année à la modernisation de sa boutique et double la superficie du vignoble, ce qui permet d'accroître la production de vin mousseux. Coût de l'investissement: près de 300 000$.

«L'an passé, nous avons agrandi nos installations et acheté de nouveaux équipements afin d'augmenter la production de cidre. Il s'agit d'un investissement de 400 000$», précise Rémi Filion.

Concurrents bienvenus

Ces quatre entrepreneurs, provenant de milieux professionnels divers, n'avaient jamais touché à la terre avant de se lancer en agriculture. Même s'ils n'ont jamais eu peur de remettre en cause les principes établis, l'aventure n'avait rien d'un coup de tête. «Nous savions que nous voulions faire un produit distinctif. Nous sommes les premiers producteurs de cidre de feu et nous voulons continuer à en être les ambassadeurs», note Mme Bouchard.

Pour eux, la venue de nouveaux producteurs n'est pas une menace et est même souhaitée. «Il y a six producteurs de cidre de feu en ce moment et il y a de la place pour d'autres joueurs. Plus nous serons nombreux, plus notre industrie aura de l'influence», mentionne Anouschka Bouchard.

Afin d'encourager l'effervescence de l'industrie et de faire du cidre de feu un fleuron québécois, l'entreprise a milité pour l'obtention d'une dénomination spécifique pour ce produit. Une reconnaissance obtenue en janvier 2013. «Il s'agit d'une norme qui encadre la production en définissant clairement les caractéristiques du produit et en normalisant sa composition», dit M. Filion.

Un succès qui s'ajoute au tableau des réussites de l'entreprise qui continue de remporter les honneurs ici et ailleurs. «Depuis trois ans, notre cidre de feu a remporté cinq médailles, dont deux en Angleterre, pays reconnu pour la qualité de ses cidres», indique Anouschka Bouchard.

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Union libre cidre & vin en quelques mots

Propriété de: Anouschka Bouchard, Rémi Filion, François Busque et Martine St-Onge

Âge des entrepreneurs: de 40 à 42 ans

Nombre de produits de l'entreprise: 11, soit 9 cidres - feu (4), glace (2), tranquille (1), pétillant (1), mousseux (1) - et 2 vins

Nombre de pommiers: 5500

Nombre de vignes: 5200, et bientôt 10 000

Employés au plus fort de la saison: 15

Dernier prix reçu: Médaille d'or pour Union libre cidre de feu 2012 aux Prix du public Desjardins 2014

Prix innovation en alimentation 2013 dans la catégorie «alcools et boissons alcoolisées» du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation