La galerie d'art Artêria de Bromont n'a que sept années au compteur, mais elle est déjà bien présente sur la scène internationale, puisqu'elle se spécialise dans l'exportation d'oeuvres de jeunes artistes québécois. Portrait en cinq mots d'une petite entreprise qui n'a pas peur de voir grand.

Émergent

La propriétaire d'Artêria, Geneviève Lévesque, a trouvé un marché de niche: la promotion des créateurs émergents et en milieu de carrière. «Leur travail est souvent figuratif, mais se démarque par des techniques ou des supports originaux, comme de la peinture sur des télévisions vintage ou des oeuvres faites à partir de bois d'épaves», décrit-elle. Le talent des artistes québécois suscite un grand enthousiasme ici et à l'étranger. Les prix de leurs créations aussi: de 1000 à 3000$ en moyenne. «C'est intéressant tant pour les premiers collectionneurs qui ne souhaitent pas investir une fortune que pour les plus établis qui veulent encourager la relève», ajoute la marchande d'art.

Exportation

Au cours des cinq dernières années, Artêria a participé à des foires artistiques aux quatre coins du monde: Tokyo, Sydney, New York, Paris, Londres, Buenos Aires, Istanbul, New Delhi, Shanghai, et on en passe. «Le Québec est un petit marché, c'est pourquoi l'exportation est une question vitale pour nous», affirme Geneviève Lévesque. Les foires, précise-t-elle, sont devenues une tendance incontournable dans l'industrie. On y retrouve de 70 à 400 galeries sous un même toit. De 10 000 à 30 000 visiteurs s'y rendent, ce qui offre un impressionnant bassin de clients. En mars dernier, à Londres, Artêria a vendu 114 tableaux à 70 collectionneurs en 5 jours. Pas étonnant que la galerie de Bromont souhaite doubler le nombre de foires auxquelles elle participe dans les années à venir. Prochaines destinations? Les Émirats arabes unis et le Brésil.

Crise

Geneviève Lévesque ne s'en cache pas: la crise économique a donné un sérieux coup de pouce à son entreprise. En difficulté financière, de grandes galeries ont dû se retirer de foires fort prestigieuses. Artêria a profité de l'occasion pour reprendre ces stands vides et se tailler une place dans l'industrie. «Il faut parfois plus de 10 ans d'expérience avant de pouvoir participer à ces foires, précise-t-elle. Nous y avons gagné la visibilité et la crédibilité nécessaires pour progresser rapidement.» Résultat: le chiffre d'affaires d'Artêria a atteint le demi-million de dollars cette année. «Pour une petite entreprise qui est partie de rien du tout, c'est beaucoup», constate sa propriétaire.

Risque

Exporter de l'art n'est pas une activité de tout repos. «Les procédures douanières, surtout dans les économies émergentes, sont un défi constant, observe Geneviève Lévesque. Nous sommes à la merci des situations politiques, sociales et même météorologiques qui peuvent affecter le déroulement d'un événement, voire sa réussite. Il faut avoir une bonne gestion du stress et savoir mesurer le risque. Peu de galeries québécoises et canadiennes font des foires, car les enjeux sont très élevés et nous avons très peu de temps pour rentabiliser l'argent et l'énergie consacrés au projet.» Voilà pourquoi Geneviève Lévesque réinvestit chaque dollar gagné dans l'entreprise.

Volontaire

Volontaire comme dans le programme Jeunes Volontaires du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, qui a permis à Geneviève Lévesque de réaliser son projet de prédémarrage d'entreprise. «Ç'a été une révélation, déclare-t-elle. J'ai pu y faire mes classes, expérimenter, me casser la gueule un peu... Je n'aurais jamais eu un tel succès sans ce programme.» Volontaire aussi comme dans ambition, chose que cultive la marchande d'art, qui était en lice pour le prix Femmes d'affaires du Québec 2013 dans la catégorie «Entrepreneure active à l'international». «Notre objectif est de doubler notre chiffre d'affaires d'ici les trois à cinq prochaines années, annonce-t-elle. C'est ambitieux, mais tout à fait plausible avec la courbe de croissance que nous avons depuis cinq ans.»