Les jeunes Québécois auraient davantage envie de se lancer en affaires que leurs aînés. On ne sait si c'est motivé par le faible nombre d'embauches en 2013 ou par un véritable changement d'attitude vis-à-vis de la perspective de devenir ou de rester son propre patron.

Toujours est-il que le tiers (33,6 % précisément) des jeunes de 18 à 34 ans ont l'intention de créer ou de reprendre une entreprise, selon la dernière mesure de l'Indice entrepreneurial québécois (IEQ) 2014. Il s'agit d'une proportion presque trois fois plus élevée que chez la cohorte des 35 ans et plus. L'enquête de l'an dernier avait plutôt montré une proportion de 25 %.

Cette enquête, menée par internet en janvier auprès de 6890 répondants canadiens, dont 3706 du Québec, se distingue des autres enquêtes sur la PME en ce qu'elle se concentre sur l'entrepreneur plutôt que sur l'entreprise. Plus particulièrement, elle cherche à cerner l'attitude des jeunes face au défi d'entreprendre. D'où le titre de l'étude : Qu'est-ce qui motive nos jeunes à faire le grand saut ?

Selon l'IEQ, le jeune entrepreneur type (homme ou femme) en devenir est un diplômé universitaire ou sur le point de le devenir. Animé par ses rêves et ses ambitions, il est confiant, preneur de risques et résilient. Il possède de faibles revenus et dépend d'un financement externe pour démarrer sa carrière d'entrepreneur, car souvent il dispose d'à peine de 5000 $ en fonds propres.

Cela explique sans doute pourquoi il paraît peu attiré par la fabrication ou l'agriculture, deux segments d'activité où la mise de fonds initiale est élevée.

C'est dans les services qu'il perçoit les opportunités pour se lancer en affaires.

INTENTIONS DE CRÉER OU REPRENDRE UNE ENTREPRISE

Comme les entrepreneurs du reste du Canada (RDC), il privilégie le commerce de détail. Les Québécois sont par contre presque trois fois plus nombreux (11,9 % contre 4,2 %) à pencher pour une entreprise de services professionnels, scientifiques ou techniques, mais moins nombreux (11 % contre 17,2 %) à vouloir se lancer en hôtellerie ou en restauration.

Société distincte oblige, 2,5 % des jeunes entrepreneurs québécois en devenir lorgnent les industries culturelles ou de l'information, contre 0,3 % seulement des jeunes du RDC.

L'IEQ permet aussi de distinguer le jeune entrepreneur québécois de celui du RDC au moment de se lancer en affaires.

S'ils sont un peu moins nombreux à vouloir lancer une entreprise, ils sont par contre deux fois plus à désirer prendre la relève d'un parent.

L'IEQ s'attarde aussi à cerner les perceptions à l'égard des entrepreneurs.

Tous âges confondus, les Québécois sont plus nombreux que les autres Canadiens à juger que l'entrepreneuriat représente un choix de carrière désirable. L'IEQ 2014 décèle toutefois un changement majeur par rapport à l'édition de 2013 : en 2013, 68,4 % des adultes québécois jugeaient les entrepreneurs généralement honnêtes. Cette année, la proportion est tombée à 39,4 % chez les 18-34 ans et 53,4 % chez les 35 ans et plus. Les jeunes se rapprochent ainsi des adultes du reste du Canada, à la différence des 35 ans et plus.

Serait-ce que les révélations de la commission Charbonneau les amènent à réfléchir davantage ou à nourrir leur désenchantement de manière précoce ?

CHOIX DES JEUNES AYANT L'INTENTION DE SE LANCER EN AFFAIRES

Cette dernière constatation met en lumière une certaine ambiguïté qu'on pourrait résumer par deux dictons qui, partant du même constat, débouchent sur des conclusions bien différentes : le premier veut que la nécessité (les faibles embauches en 2013) soit la mère de toutes les inventions. Le deuxième, motivé par la commission Charbonneau, veut que l'occasion fait le larron.

On peut consulter gratuitement en ligne les résultats et l'analyse poussée de cette enquête, réalisée par la Fondation de l'entrepreneurship en partenariat avec l'Institut d'entrepreneuriat Banque Nationale - HEC Montréal et présentée par la Caisse de dépôt et placement du Québec.