Les processus de commande, d'achat et de vente amènent à eux seuls beaucoup de documents papier dans bien des PME. Pour réduire le volume de cette paperasse, certaines entreprises ont intégré à leurs opérations un ou des systèmes de gestion. L'entreprise d'usinage Nétur fait partie du lot et pousse même l'expérience à ses limites.

Des procédures de fabrication longues de 40 pages, des rapports d'inspection tout aussi imposants, des certificats pour tous les matériaux utilisés, et même plus: chaque fois qu'ils avaient à fabriquer une pièce, les machinistes de Nétur devaient manipuler plus d'une centaine de feuilles, raconte Stéphane Turcotte, vice-président et dirigeant de l'entreprise d'usinage Nétur. «Juste pour le matériel, on en avait une quarantaine», précise-t-il.

Ça, c'était avant 2005, avant que la PME de Saint-Hubert entreprenne son virage technologique. Cette année-là, l'entreprise spécialisée dans la fabrication et le sous-assemblage de pièces pour le secteur de l'aéronautique s'est dotée d'un système de planification des ressources de fabrication. Un système connu sous l'acronyme «MRP» en anglais.

Le virage lui a permis d'évacuer une partie de la paperasse. Ainsi, c'est toute la gestion du stock ainsi que de l'achat des matériaux et de l'outillage qui était faite désormais de façon électronique. «Fini le fax», blague le dirigeant de Nétur à ce sujet.

Puis, en 2012, la PME de Saint-Hubert a ajouté un changement à son organisation du travail. Profitant d'un déménagement, elle a troqué son système de suivi basé sur des codes-barres pour un autre reposant sur des écrans tactiles.

Désormais, toutes les transactions se font de façon automatique selon les volumes de matériaux utilisés lors de la fabrication de chaque pièce, raconte Stéphane Turcotte. «Il n'y a plus d'interactions humaines pour les achats de matière ou d'outillage, dit-il. Les requis sont créés automatiquement pour la prochaine commande.»

En plus de faciliter la gestion des intrants et des extrants, la nouvelle solution permet de limiter encore plus l'utilisation du papier. «Maintenant, la personne au poste de travail voit directement toutes les étapes de fabrication et les requis de matériel sur son écran, explique Stéphane Turcotte. Si c'est une opération manuelle, elle va voir exactement comment procéder.»

Du coup, ce ne sont plus que six ou sept feuilles qui sont requises chaque fois. «Avant, on fonctionnait avec un cartable de 2 pouces d'épaisseur», se rappelle-t-il.

Non seulement l'adoption des écrans tactiles vient-elle faciliter le travail de fabrication, mais elle accélère aussi le déplacement des pièces à l'intérieur même des installations, explique le dirigeant principal de Nétur.

«Maintenant, notre système MRP envoie des alertes sur les téléphones intelligents et tablettes pour transmettre l'information à notre personnel au lieu de passer par une imprimante, dit-il. Un coureur reçoit l'alerte et va chercher la pièce. Tout se fait électroniquement sans coups de téléphone. Avant, il fallait appeler ou laisser des post-it à gauche et à droite.»

Couplée à une réorganisation du travail sur le plancher, l'intégration des écrans tactiles au système MRP de Nétur aura permis à la PME de faire un gain important en efficacité, chiffré entre 15 et 20% selon les estimations de Stéphane Turcotte. Le tout pour un investissement qu'il chiffre à environ 150 000$.

NÉTUR

LE DÉFI

Achats, commandes, ventes et instructions de fabrication: pour Nétur, construire une seule pièce signifiait des centaines de feuilles imprimées.

LA SOLUTION

Pour réduire au minimum l'utilisation du papier et gagner en productivité, l'entreprise y est allée de deux vagues d'implantation de technologies informatiques. Et le succès est au rendez-vous.

LE PORTRAIT

Entreprise: Usinage Nétur

Année de fondation: 1978

Nombre d'employés: 62

Principal dirigeant: Stéphane Turcotte

Fondateur: Louis-René Turcotte

Propriétaires: famille Turcotte

Secteur: usinage de pièces d'aéronefs