Les difficultés qu'éprouvent les fondateurs de PME québécoises à assurer leur relève ont maintes fois été documentées. Les jeunes Montréalais Liroy Haddad et Dan Chetrit ont une solution à proposer: eux-mêmes.

Après des séjours au sein de différentes firmes d'investissement privées, notamment en Californie, les deux amis ont décidé d'importer au Québec un modèle plutôt rare: un fonds d'investissement voué à l'achat d'une seule entreprise (search fund), dans laquelle ils s'impliqueront ensuite à long terme.

MM. Haddad et Chetrit ont réuni une dizaine d'investisseurs prêts à les soutenir. Parmi eux, le fondateur de Manac, Marcel Dutil, l'ancien ambassadeur du Canada en Chine, Howard Balloch, l'ancien président de la Caisse de dépôt et placement, Guy Savard, le président de Boa-Franc, Pierre Thabet, ainsi que le "Dragon" François Lambert et son associé Georges Karam.

Ceux-ci leur ont fourni un fonds de roulement bon pour deux ans, période qu'ils se sont accordée pour dénicher la perle rare. Cette intense période de recherche a débuté en juillet dernier. Aussitôt la perle trouvée, ce sera la fin des Associés Snowdon, le nom de leur fonds. Les deux jeunes hommes s'installeront aux commandes de l'entreprise acquise.

Cette entreprise devra être canadienne, mais préférablement québécoise, leur accorder une participation majoritaire et un rôle opérationnel à temps plein, ainsi que dégager des flux de trésorerie allant de 2 à 10 millions de dollars.

Le Saguenay, l'Abitibi, la Beauce, Halifax, les deux associés sont prêts à déménager là où il le faudra. «Notre mandat est canadien, mais on passe 95% de notre temps au Québec et on aimerait bien que ce soit au Québec», précise néanmoins M. Chetrit.

Leur liste de critères comprend une gamme assez étendue de domaines, allant des logiciels à la fabrication spécialisée en passant par l'assurance.

«Il y a plusieurs entrepreneurs qui cherchent à racheter des compagnies, mais qui n'ont pas de capital à offrir au fondateur qui veut pouvoir retirer son argent, explique Dan Chetrit. De l'autre côté, il y a des fonds qui ont du capital, mais qui n'ont personne pour prendre la relève de l'entrepreneur qui veut prendre sa retraite.

«La combinaison que nous offrons, des entrepreneurs qui veulent gérer une entreprise de cette taille à long terme et qui ont accès au capital pour signer un chèque au fondateur, est assez rare.»

Les deux investisseurs considèrent aussi leur proposition comme une solution potentielle aux conflits d'actionnaires ou aux entreprises qui ont besoin à la fois de nouveaux fonds et de nouvelle expertise pour poursuivre leur croissance. «Nos investisseurs peuvent ouvrir des portes», croit M. Haddad.