Malgré des investissements massifs venus tant des secteurs publics que privés, la croissance de l'industrie manufacturière québécoise stagne si on en croit les résultats d'un sondage commandé par Sous-traitance Industrielle du Québec (STIQ).

L'association d'entreprises manufacturières du Québec dévoilait vendredi dernier les résultats de son plus récent sondage, le Baromètre industriel québécois, un bilan de santé annuel des PME des secteurs de l'aérospatial, des transports, de l'énergie électrique et des ressources minérales.

Selon les résultats du sondage, la croissance est toujours au rendez-vous pour une bonne partie des PME manufacturières du Québec. En effet, environ 56% des 400 répondants du sondage ont indiqué avoir observé une croissance de leur chiffre d'affaires d'au moins 5% en 2012. Une proportion équivalente aux 55% observé un an plus tôt.

Peu d'impact

Or, on aurait dû s'attendre à un meilleur résultat selon Normand Voyer, vice-président exécutif de Sous-traitance Industrielle du Québec (STIQ). «C'est un des constats auxquels on arrive, dit-il. Les grands donneurs d'ouvrage, tant publics que privés, ont fait preuve d'un dynamisme remarquable pour 2012, mais ça ne s'est pas traduit par des impacts de même envergure chez leurs fournisseurs.»

Les contrats obtenus en 2012 par Bombardier, Bell Helicopter et CAE dans l'aéronautique, le projet du métro de Montréal dans le secteur du transport, les investissements record de 4,2 milliards de dollars dans le secteur minier québécois ainsi que les chantiers de la Romaine et des parcs éoliens auraient dû, selon le STIQ, permettre aux plus petites entreprises de voir leur situation prendre du mieux. Or, rien n'a changé en un an.

Embauche

Le constat s'effectue aussi du côté de l'emploi. Alors que 35% des PME manufacturières indiquaient l'an dernier avoir augmenté leur nombre d'employés d'au moins 5%, cette valeur s'est établie à 36% cette année.

Selon Normand Voyer, ces résultats démontrent que les PME manufacturières du Québec doivent maintenant mettre les bouchées doubles afin d'améliorer leur compétitivité et se préparer à une réduction éventuelle de la manne.

À ce chapitre, il souligne la nécessité que les PME d'ici accroissent leurs investissements en recherche et développement (RetD). Selon le sondage, elles étaient 55% en 2012, tout comme en 2011, à avoir investi au moins 2% de leur chiffre d'affaires en RetD. Une proportion insuffisante en comparaison à ce qui se fait ailleurs dans le monde selon le représentant du STIQ.

Les PME manufacturières devront aussi apprendre à mieux s'intégrer dans les chaînes d'approvisionnement selon lui. «Les grands donneurs d'ouvrage cherchent des solutions plus globales, explique Normand Voyer. On veut des fournisseurs qui ont la compétence et la capacité de faire de l'ingénierie, du design et de l'entretien et c'est malheureusement un maillon qui est faible au Québec.»

Main-d'oeuvre spécialisée

Seule variable sur laquelle les PME ont peu de contrôle: la disponibilité de la main-d'oeuvre spécialisée. Le problème est pourtant réel selon la STIQ et nuit à la productivité des entreprises. Selon le sondage, 35% des PME interrogées ont connu un problème «très important» de recrutement de main-d'oeuvre en 2012. Une hausse de 6 points par rapport à 2011.

Le STIQ est une association qui représente plus de 700 entreprises manufacturières québécoises. L'organisme a pour objectif d'améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement en soutenant les fournisseurs dans le développement de leurs affaires avec les grands donneurs d'ordres. Son étude annuelle, qui en était à sa 4e édition, cible près de 2000 PME manufacturières du Québec de 20 à 300 employés.

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LES QUATRE GRANDES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT AU QUÉBEC

[Nombre de fournisseurs* | Emplois directs | Ventes annuelles (milliards de dollars)]

Aéronautique : 358 | 42 040 | 11,7

Transport : 598 | 41 000 | 11,4

Ressources minérales : 372 | 34 828 | 28,6

Énergie électrique : 264 | 50 000 | 12,4

* Une entreprise peut oeuvrer dans plus d'un secteur d'activité