La proportion de PME qui étendent leurs activités à l'international est beaucoup moins grande au Québec que dans les autres provinces canadiennes, selon la Fondation de l'entrepreneurship. Qu'est-ce qui couve derrière ce retard des entreprises d'ici?

Voilà la question à laquelle un collectif de personnalités québécoises issues du monde des affaires aimerait bien trouver une réponse. Il publiait justement une lettre ouverte à cette fin le 6 mai dernier.

Derrière ce geste, une partie des résultats de deux sondages publiés en 2011 et en 2013 par la Fondation de l'entrepreneurship.

Selon cette dernière, 12,3% des PME du Québec brassent des affaires à l'extérieur des frontières du pays, alors qu'elles sont 15,5% à le faire dans le reste du Canada. Des chiffres relativement comparables aux 13,6% - pour le Québec - et 19,4% - pour le reste du pays - obtenus deux ans plus tôt.

Problème culturel

Si les entrepreneurs du Québec ont moins développé leurs activités à l'international jusqu'ici, ils sont aussi moins nombreux à prévoir le faire. Selon le plus récent sondage de la Fondation de l'entrepreneurship, 15,2% d'entre eux n'ont pas l'intention, un jour, de vendre leurs produits, de développer des alliances stratégiques, de sous-traiter leur production ou d'établir une place d'affaires à l'étranger. Une proportion qui s'élève pourtant à 31,6% dans les PME du reste du pays.

«Au niveau technique, tout est pourtant là», souligne Alain Aubut, président et directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship, qui estime que les ressources en place pour soutenir les PME québécoises voulant s'internationaliser sont suffisantes. Selon lui, le problème serait plutôt culturel et prendrait racine dans la façon qu'ont les entrepreneurs québécois de limiter leur marché aux frontières du Québec. «Aujourd'hui, le marché, c'est la planète», ajoute-t-il.

Sondage de KPMG-SECOR

Pour sa part, Oona Stock, associée chez KPMG-SECOR, entreprend ce mois-ci d'identifier avec précision quelles sont les raisons de ce retard des PME du Québec. «Qu'est-ce qui fait que l'étincelle ne se fait pas? demande-t-elle. Ce n'est pas un manque de compétence ou d'ambition, mais qu'est-ce qui manque?»

Pour répondre à ces questions, la firme-conseil en stratégie et management pour laquelle Oona Stock oeuvre a lancé plus tôt ce mois-ci un sondage à l'attention de 3000 entrepreneurs du Québec.

Trois hypothèses sont déjà mises de l'avant pour expliquer le phénomène.

La première est d'ordre culturel. Outre la langue, la culture commerciale des habitants du Québec pourrait bien être une des causes du retard des Québécois par rapport aux autres Canadiens en matière d'internationalisation, selon Oona Stock. «La culture québécoise est toute récente», souligne-t-elle, ajoutant que les Québécois ne s'adonnent au commerce que depuis peu alors que les Suédois, par exemple, marchandent partout en Europe depuis des siècles.

Aussi, un aspect «structurel» des entreprises d'ici pourrait agir comme un frein à l'internationalisation. «Pour aller à l'international, il faut habituellement atteindre un seuil critique de grosseur d'entreprise, explique Mme Stock. Et au Québec, on a un amalgame de petites entreprises.» Selon elle, certains secteurs d'activité gagneraient donc à se consolider par des fusions et acquisitions.

Finalement, le sondage questionnera les dirigeants de PME sur leur appréciation de l'écosystème financier dans lequel ils évoluent.