Des entreprises qui perdent 10 000$, 20 000$ voire 30 000$ l'heure parce que leur ligne de production est en arrêt, Alexandre Maurais est familier avec ce genre de situation. Spécialisé dans la réparation et la réfection d'électrobroches, c'est-à-dire les moteurs de machines à contrôle numérique (CNC), M. Maurais est devenu au fil des ans une sorte de 9-1-1 vers qui les manufacturiers québécois se tournent quand ça va mal. Le jeune entrepreneur veut maintenant devenir l'acteur le plus important dans son secteur au Canada.

Alexandre Maurais s'active à mettre en place les pièces qui lui permettront de s'imposer sur l'échiquier canadien. L'an dernier, il s'est adjoint un directeur des opérations. Et il y a un mois, le président de MEC a embauché une directrice du marketing. Des gestes révélateurs de la part d'un chef d'entreprise qui, jusqu'à tout récemment, n'aimait guère déléguer des tâches. Grâce à une meilleure gestion au quotidien, une plus grande présence sur les médias sociaux et un plan stratégique en poche, le patron de MEC est persuadé de pouvoir gagner son pari à court terme. Un défi à la hauteur de cet ancien membre de l'équipe nationale de vélo sur piste. L'industriel de 34 ans part avec une longueur d'avance: il est déjà connu dans le ROC.

La PME réalise 80% de son chiffre d'affaires (de 4 à 6 millionsde dollars) au Québec. Mais plusieurs manufacturiers d'Ontario, de l'Ouest canadien et des Maritimes font déjà affaire avec elle. La PME compte quelque 4200 clients d'un océan à l'autre. Elle reçoit des moteurs qui valent de 1000$ à 100 000$. «Nos concurrents sont spécialisés dans un secteur donné. Nous, nous touchons aux CNC utilisés dans le bois oeuvré, le plastique, le granit, l'aérospatiale», explique Alexandre Maurais.

Pour l'aider dans sa percée canadienne, M. Maurais veut également créer des programmes préventifs avec lesquels ses techniciens pourraient se rendre chez les manufacturiers afin de poser des diagnostics sur les équipements. Bref, il ne veut plus simplement guérir, il veut également prévenir. Aussi, il compte investir au cours des prochains mois dans un site web interactif (son site actuel ne lui plaît guère), où les clients pourront suivre en temps réel le processus de réparation et de réfection des moteurs. Une première dans l'industrie, promet le chef d'entreprise.

Formation continue

La réparation de moteurs, c'est du sérieux chez MEC. Les 20 employés et techniciens de la PME de Cowansville, près de Bromont, suivent tous les ans des formations aux États-Unis ou en Allemagne (d'où la plupart des CNC sont originaires), question de se mettre à jour avec les plus récentes technologies. Alexandre Maurais participe lui aussi à ces séances de formation. Résultat, MEC est aujourd'hui réparateur autorisé pour plusieurs marques européennes et, depuis peu, d'une marque américaine.

En 10 ans, l'entreprise est devenue une référence. Lorsque des pièces sont en rupture de stock ou n'existent carrément plus, la PME les fabrique sur mesure.

L'entreprise travaille par ailleurs dans l'infiniment petit. Dans ses ateliers, d'une propreté exemplaire, tout se mesure en microns (un millième de millimètre). Une pièce à température contrôlée, semblable à un laboratoire, a été aménagée afin que les pièces à remplacer ne subissent aucun stress. Après avoir connu une croissance continue au cours des cinq dernières années (20% en moyenne), MEC n'a pas enregistré de profits en 2012, principalement à cause de sa restructuration et de la mise en place d'une stratégie de croissance dans le ROC.

MEC a été fondée en 1970 par Gilles Maurais, le père d'Alexandre. À l'époque, la PME réparait uniquement les moteurs des entreprises de textile de Cowansville. Mais à partir du milieu des années 90 jusqu'en 2000, ç'a été la saignée. L'industrie du textile a complètement disparu du paysage cowansvillois. L'entreprise a dû «se virer sur un 10 cents» et trouver une nouvelle niche. Elle a choisi les moteurs de CNC, ceux qui roulent de 24 000 à 60 000 tours minute (RPM). Alexandre Maurais, détenteur d'un DEP, mais féru d'entrepreneuriat (il a des participations dans deux autres PME), est patron de MEC depuis 2003 et actionnaire majoritaire depuis l'an dernier.

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MEC EN CHIFFRES

Activités: réparation et réfection d'électrobroches, c'est-à-dire les moteurs de machines à contrôle numérique (CNC).

Chiffre d'affaires: de quatre à six millions.

Employés: 20

Territoire de vente: 80% au Québec et 20% dans le ROC.

Objectif: devenir l'acteur le plus important dans son secteur d'activité au Canada.