Activités hippiques, sport professionnel, aviation, cinéma: le champ d'activité de BFL Canada est aussi vaste que l'entreprise est discrète. Après 25 ans d'existence, la firme montréalaise spécialisée en assurances et en gestion de risques semble toutefois prête à s'illustrer sur la place publique. Avec éclat.

«Réveillez-vous! Come on guys!» Barry Lorenzetti s'anime dès qu'on aborde la question des PME et des sièges sociaux à Montréal. Le dirigeant, qui a lancé sa boîte de courtage à partir de rien en 1987, croit que les entrepreneurs ont plus que jamais un rôle à jouer pour défendre les intérêts du Québec inc. en cette période où les gens d'affaires font plutôt mauvaise figure à la commission Charbonneau.

«Il faut que la communauté d'affaires soit plus vocale pour se faire à valoir à l'extérieur du Québec, dit-il. Ce n'est pas moi, Lorenzetti, qui va prendre le lead de ça, mais je suis prêt à aider. Où est notre leadership?»

Barry Lorenzetti a rarement fait les manchettes depuis la création de son groupe. Dans toutes les archives médiatiques, moins d'une dizaine d'articles traitent de l'homme d'affaires de 60 ans, né d'un père italien et d'une mère irlandaise à Ville-Émard, dans le sud-ouest de Montréal.

BFL Canada est pourtant devenu un acteur de taille dans son secteur. Le courtier en assurances et en gestion de risques, qui fait autant affaire avec Hockey Canada qu'avec la Caisse de dépôt et le Musée des beaux-arts de Montréal, a connu en 2012 sa meilleure année depuis un quart de siècle, soutient son dirigeant.

Le groupe à capital fermé a enregistré des revenus variant entre 75 et 100 millions de dollars l'an dernier. Ses profits? «Dans les huit chiffres», affirme avec le sourire Barry Lorenzetti, tiré à quatre épingles dans son bureau de l'avenue McGill College qui offre une vue imprenable sur le mont Royal.

BFL Canada emploie aujourd'hui 450 personnes, dont 180 au siège social montréalais. M. Lorenzetti se fait d'ailleurs une fierté d'avoir lancé - et maintenu - son entreprise dans la métropole québécoise, contre vents et marées.

«Notre objectif était de devenir le plus gros courtier indépendant au Canada, et de garder le bureau-chef à Montréal, explique-t-il dans un français un peu carré. Ça a toujours été ça depuis 25 ans.»

Se serrer les coudes

Il reste que la vie a déjà été plus facile pour les sociétés d'ici. Les scandales récents liés à la collusion dans la construction et le début de mandat chaotique du Parti québécois ont échaudé bien des chefs d'entreprises ces derniers mois.

Barry Lorenzetti a justement pris la parole en novembre dernier à une table ronde de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, pour aborder la question des sièges sociaux à Montréal. Il déplore le manque de soutien offert aux PME d'ici, alors que des groupes étrangers reçoivent diverses aides gouvernementales pour venir s'installer dans la province.

«Pourquoi on ne fait pas des prêts sans intérêts à des entreprises qui sont déjà ici, comme BFL, pour faire des acquisitions, plutôt que de faire des prêts et des subventions à des compagnies étrangères qu'on ne connaît pas?» demande-t-il.

Le dirigeant croit aussi que les entreprises et institutions québécoises devraient davantage transiger entre elles, «comme le font la communauté juive ou la communauté italienne». Histoire de créer et maintenir de bons emplois dans la province, et «de garder les profits chez nous, plutôt que de les envoyer à New York ou à Chicago».

Barry Lorenzetti tient farouchement à garder fermé le capital de BFL, et il croit que la structure indépendante de l'entreprise constitue un atout dans l'environnement actuel. Son groupe a d'ailleurs lancé une formule d'intéressement auprès des employés, qui ont la possibilité de devenir actionnaires du groupe.

Les quatre investisseurs initiaux, qui avaient chacun injecté 250 000$ en 1987, «sont partis à la retraite millionnaires», dit le dirigeant. Il affirme ne pas chercher à vendre l'entreprise ni avoir envie de prendre sa retraite à court terme, aussi occupé soit-il avec ses activités philanthropiques.

Parmi les projets à court terme, BFL aimerait accroître sa présence au Québec, où le chiffre d'affaires a grimpé d'environ 15% l'an dernier. Le groupe misera aussi davantage sur l'international, grâce à un nouveau partenariat avec la firme américaine Lockton Global.

BFL se targue d'être aujourd'hui le plus important courtier indépendant du Canada, en concurrence directe avec les géants internationaux Marsch et Aon.

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L'ENTREPRISE EN UN COUP D'OEIL

- Secteur: Courtage d'assurances et gestion de risques

- Employés: 450

- Revenus en 2012: 75 à 100 millions