Augmenter ses revenus de 664% en cinq ans représenterait un heureux problème pour bon nombre d'entrepreneurs.

Ce rêve est devenu réalité pour Boréalis, boîte de consultants de Magog, qui a conçu un logiciel de gestion de responsabilité sociale et de performance environnementale qu'elle vend aux Rio Tinto et ExxonMobil, presque partout sur la planète.

Fondée en 2004, Boréalis s'est récemment classée 74e au palmarès des 200 championnes canadiennes de la croissance de la revue Profit. Aujourd'hui, elle emploie 150 personnes et affiche un chiffre d'affaires de 16,5 millions.

«Notre plus grand défi, c'est vraiment la gestion de la croissance. Ce qu'on est en train de faire, c'est bâtir une entreprise avec un chiffre d'affaires de 100 millions et de 500 employés d'ici 7 à 10 ans», dit le PDG de Boréalis, Jules Paquette, en entrevue dans les locaux de La Presse.

M. Paquette, géographe de formation de 39 ans, voulait parler de la première conférence Boréalis qui se tiendra à l'hôtel Delta de Montréal les 24 et 25 octobre. L'événement réunira une centaine de gestionnaires et de vice-présidents du domaine minier et pétrolier. Au cours des ateliers, il sera notamment question de gestion de données dans le domaine de la performance sociale des entreprises et de gestion des parties prenantes.

Il reconnaît que la croissance effrénée de sa firme pose à la fois des problèmes de financement et de recrutement. «Une croissance forte pose toujours un grand défi sur le cash flow, c'est absolument certain, reconnaît-il. On a toujours été profitables depuis le début et la profitabilité a été assez bonne pour nous permettre de réinvestir dans l'entreprise et de poursuivre notre croissance.» Le Fonds FTQ lui a consenti un prêt subordonné de 1,5 million en deux tranches.

Pour ce qui est du recrutement, Boréalis recourt à la main-d'oeuvre locale pour le travail sur le terrain en Afrique et en Australie. Pour combler ses besoins au siège social, la société magogoise engage des diplômés de l'Université de Sherbrooke, située juste à côté.

«On arrive à des étapes importantes. Il va se greffer des gens à l'équipe de direction. Ça va continuer à se bonifier. De nouveaux bureaux vont ouvrir.» Jules Paquette a l'oeil sur le Mexique, le Pérou et Houston. Boréalis a déjà des antennes en Australie, au Ghana et à Calgary.

Comment expliquer cette croissance folle? «La demande est très forte, répond le patron. L'industrie de l'extraction se rend compte qu'elle n'a pas le choix de s'occuper de la question de la responsabilité sociale. Ce n'était pas le cas il y a 10 ans.»

Les financiers internationaux, comme la Banque Mondiale et la Société financière internationale, exigent de l'emprunteur qu'il s'engage à respecter des critères stricts au sujet de l'acceptabilité sociale de son projet. Le dernier souhait du banquier est de se voir associé à un projet qui soulève la révolte populaire.

Le système de Boréalis, dont le coût varie entre 500 000$ et 1 million de dollars, est un «manuel» pour faire accepter socialement un projet minier et pétrolier dont la réalisation cause des désagréments aux populations environnantes.

«Par exemple, au cours d'une assemblée publique, quelqu'un intervient pour dire qu'une route d'accès près de chez lui a été défoncée par un camion de la société. Il faut s'assurer que ce soit noté et qu'on aille valider sur le terrain. Si c'est bien le cas, qu'on aille réparer la route endommagée. Bref, la société minière et pétrolière s'assure de prendre ses responsabilités par rapport à tous les impacts qu'elle cause», explique Jules Paquette. Traditionnellement, la société minière s'adjoignait les services d'un consultant pour gérer ses externalités. L'avantage du logiciel de la PME est de donner l'assurance à la société minière qu'elle n'oubliera personne en cours de route et qu'elle ne négligera aucun aspect menant à l'acceptabilité sociale de son projet d'extraction, explique Jules Paquette.