Bien qu'elles créent la moitié des emplois, les PME reçoivent une part congrue du financement dans les pays du G20, indique une nouvelle étude obtenue par La Presse Affaires. Le Canada n'est pas différent, bien que ses entreprises en démarrage ont plus facilement accès depuis cinq ans aux capitaux des anges investisseurs et du gouvernement.

En 2010, les PME du G20 ont obtenu 714 milliards de dollars, soit 6,2% seulement des 11 507 milliards de l'ensemble des investissements consacrés à la totalité des entreprises dans les catégories financements bancaires, premiers appels publics à l'épargne, capital-risque et anges investisseurs. Les catégories «aides gouvernementales à la PME», lesquelles sont considérables au Canada, les placements privés et les émissions publiques sont exclus des calculs.

La Chine mène le bal avec 400 milliards. Les États-Unis suivent loin derrière avec 116 milliards. Le Canada ferme la marche à 2,25 milliards, devançant néanmoins l'Afrique du Sud et l'Argentine. L'étude met en relief la faiblesse du financement des banques canadiennes à l'endroit des PME comparé aux autres pays du G20.

«Plusieurs sondages confirment que la disponibilité de crédit bancaire pour les PME est difficile au Canada», dit François Tellier, associé directeur des Services consultatifs transactionnels chez Ernst&Young à Montréal.

Par PME, les pays parlent généralement de sociétés comptant 500 employés et moins et ayant des ventes inférieures à 50 millions par année. Les données de l'étude sont en dollars américains.

Ernst&Young a mené un sondage auprès de 1000 entrepreneurs des pays du G20. Les résultats sont dévoilés aujourd'hui. Près des deux tiers des répondants (62%) trouvent l'accès au financement difficile.

La montée des anges investisseurs

Le rapport s'interroge aussi sur l'évolution de la disponibilité des capitaux depuis la fin de la crise financière. Le Canada se tire mieux d'affaire à cet égard que les membres européens du G20 qui sont aux prises avec un resserrement des cordons de la bourse. Ce sont toutefois les membres du club des pays émergents qui profitent de la plus belle embellie à ce chapitre.

Les répondants canadiens notent notamment une meilleure disponibilité des fonds en provenance du gouvernement, du capital-risque et des anges financiers depuis cinq ans.

«Depuis un an, à Montréal, ça va vraiment mieux qu'avant, témoigne Martin-Luc Archambault, ange investisseur chez Bolidéa, un incubateur d'entreprises technos. Le gouvernement a entre autres aidé à la création du fonds Real Ventures, de 40 millions, qui investit dans des entrepreneurs ayant des concepts pour le web. Il s'est créé des dizaines de start-ups à Montréal dans le web», explique celui qui est aussi PDG de Wajam, une jeune pousse internet qui ambitionne de devenir le principal fournisseur mondial de résultats sociaux.

Prêt à entreprendre

Parlant d'initiatives gouvernementales, Québec a lancé le programme «prêt à entreprendre» la semaine dernière, un levier financier bien reçu par les spécialistes de Ersnt&Young.

Les entrepreneurs admissibles peuvent obtenir jusqu'à 30 000$ par personne sous forme d'un prêt de cinq ans sans intérêt ni garantie. Le programme dispose d'une enveloppe de 7 millions. Particularité à souligner, chaque entrepreneur sera jumelé à un mentor et profitera des conseils d'experts et de réseaux. «Les regroupements d'entrepreneurs permettent à chacun d'échanger sur leurs expériences, fait remarquer M. Tellier. S'entraider et profiter des conseils de pairs constituent l'une des meilleures façons de faire croître son entreprise», soutient le spécialiste.

Au moment du lancement, les partenaires du prêt à entreprendre ont insisté sur la rapidité du processus d'approbation, une qualité recherchée par les entrepreneurs, selon Martin-Luc Archambault. «Il existe plein de programmes d'aide financière de la part du gouvernement. J'ai investi dans des dizaines de start-ups à Montréal. Aucune n'a demandé d'aide, parce que c'est trop long avant qu'il ne se passe quelque chose», dit l'entrepreneur en série de 31 ans.

Le rapport Ernst&Young suggère en outre aux gouvernements d'alléger la fiscalité des sociétés pour faciliter l'investissement de leurs dollars en encaisse auprès des entrepreneurs et des jeunes pousses. Fin mars, les entreprises non financières américaines disposaient de 1740 milliards US dans leurs coffres.

FINANCEMENT BANCAIRE

1,23 milliard US

PREMIER APPEL PUBLIC À L'ÉPARGNE

200 miliions US

CAPITAL-RISQUE

820 millions US

Source: Ernst and Young