En moins de 10 ans, Gardium est passé de 3 à 1000 employés. Une croissance organique, couplée à trois acquisitions en quatre ans, a permis à cette entreprise de se hisser parmi les plus importants acteurs de l'univers québécois de la sécurité. Mais au lieu de chercher à se battre contre les Garda et autres Securitas de ce monde, Dany Laflamme, président et chef de la direction de Gardium, a choisi son créneau: il se présente aujourd'hui comme le leader dans les enquêtes spécialisées au Québec.

Pour certains, ce type d'exercice porte atteinte aux libertés fondamentales. Dany Laflamme jure qu'il n'en est rien. Gardium a justement choisi de ne pas traiter les cas d'infidélité conjugale afin de ne pas s'immiscer dans la vie privée des gens. La PME a plutôt choisi de desservir les entreprises qui ont maille à partir avec des employés ou des cadres.

Gardium dispose d'une équipe de 70 à 100 enquêteurs spécialisés. Des policiers retraités et d'anciens agents de sécurité, pour la plupart. Ceux-ci prennent part à des opérations de filature ou d'infiltration pour des cas d'absentéisme, de vols dans les entreprises, de consommation ou de vente de drogue en milieu de travail, voire de cas de harcèlement psychologique.

Plusieurs enquêteurs travaillent également derrière un bureau où ils font, par exemple, des recherches sur les antécédents judiciaires d'un candidat ayant sollicité un emploi. Bref, contrairement à la croyance populaire, les enquêtes privées ne se font pas dans un contexte digne des meilleurs films d'espionnage. Autrement dit, pas de gadgets sophistiqués ni de dénouements à la James Bond. Mais des histoires abracadabrantes, ça oui, assure M. Laflamme.

Le travail des enquêteurs est intimement lié aux nouvelles technologies et plus particulièrement au réseau social Facebook, où certains utilisateurs dévoilent une bonne partie de leur vie privée. «Je n'en reviens pas, ce que les gens racontent là-dessus!», dit le président de la PME.

L'an passé, Gardium a traité quelque 700 dossiers d'enquête, ce qui fait d'elle le chef de file dans le domaine, affirme Dany Laflamme. La concurrence demeure toutefois très forte. Selon le Bureau de la sécurité privée du Québec, organisme créé par le gouvernement pour réglementer l'industrie de la sécurité au Québec, il existe de 175 à 190 agences d'enquête qui emploient environ 1700 enquêteurs privés.

Tout le secteur de la sécurité (gardiennage, enquêtes, etc.) demeure en croissance malgré une économie qui tourne au ralenti depuis 2008. Voulant saisir la balle au bon, Gardium a multiplié les acquisitions au cours des dernières années. Selon des informations recueillies par La Presse Affaires, on raconte que la PME est d'attaque en ce moment et «qu'elle sollicite beaucoup d'entreprises».

Gardium a vu le jour en 2002 lorsque Jean Marc-Aurèle, ancien directeur du service de police de Laval, et Dany Laflamme ont mis leurs efforts en commun. «Jean voulait avoir quelque chose pour s'occuper un peu pendant sa retraite. Je lui ai dit qu'on pouvait faire quelque chose de grand ensemble», dit M. Laflamme.

D'une simple société de gardiennage (qui compte aujourd'hui quelque 900 agents de sécurité aux quatre coins de la province), Gardium a choisi la voie de la diversification. Aujourd'hui, elle compte trois divisions: gardiennage, investigation et conflit de travail.

En 2005, elle a accueilli un nouvel actionnaire: Michel Morin, spécialiste de la sécurité dans un contexte de conflit de travail. Puis, coup sur coup, en 2008 et 2009, Gardium a fait l'acquisition de deux importants acteurs du secteur des enquêtes privées: Groupe Cantin Geoffrion puis McCleary et Associés.

Au début du mois de février dernier, Dany Laflamme et ses acolytes ont mis la main sur la société Enquêtes spécialisées de l'Estrie, laquelle offre ses services dans les Cantons-de-l'Est, dans les Bois-Francs et à Montréal. Ce faisant, Gardium a ajouté 12 nouveaux enquêteurs à ses effectifs. Cette acquisition s'inscrit dans une volonté de «consolidation», soutient Dany Laflamme.

Gardium veut poursuivre sa croissance au Québec, où elle enregistre déjà 100% de son chiffre d'affaires. À moyen terme, elle garde l'oeil ouvert pour d'autres acquisitions. L'entreprise à capital fermé, qui préfère taire ses revenus, n'a pas de plan d'expansion hors Québec. Son objectif ultime n'est pas de devenir un deuxième Garda, mais plutôt de devenir une référence dans la Belle Province.