Une PME de Rosemère dit avoir trouvé une façon révolutionnaire d'analyser les carottes de forage, étape cruciale dans l'exploration minière. À l'aide d'un appareil photo dit hyperspectral, Photonic Knowledge peut savoir exactement ce que contient (les types de métaux, leur teneur, etc.) chaque centimètre d'une carotte de forage. Comptant déjà près de 40 clients au Québec et en Ontario, la jeune entreprise s'apprête à conquérir le marché international. L'Arabie Saoudite, l'Australie et le Chili sont dans sa mire.

Éric Roberge, fondateur de Photonic Knowledge, revient d'une foire commerciale à Vancouver, où son entreprise a suscité beaucoup d'intérêt. «L'Arabie Saoudite, où il y a possiblement d'importants gisements de terres rares, nous attend avec impatience», explique-t-il. Cela ne prouve donc qu'une chose selon lui: Photonic a entre les mains une véritable mine d'or.

Ce qu'un géologue met une journée à analyser à l'oeil, la technologie de la PME québécoise le fait en moins d'une heure, dit-il. «Les résultats du géologue sont ensuite envoyés en laboratoire pour d'autres analyses qui vont prendre deux ou trois mois. Nous, on peut tout savoir en une heure. On s'est fait dire que notre produit était le rêve de tout géologue», explique M. Roberge, 39 ans.

Deux ans après la fondation de son entreprise, le président de Photonic Knowledge est toujours aussi fébrile. «On se sent un peu comme les gens d'Apple quand ils ont commencé. On vient de développer un produit unique, en avance sur son temps. Ma principale concurrence est la résistance au changement», dit Éric Roberge.

Il semble toutefois que Photonic Knowledge ne soit pas la seule dans la course. Le LAMROC, une invention émanant, entre autres, de l'INRS et de l'École polytechnique de Montréal, permet également de mesurer électroniquement le contenu des carottes de forage. «Leur technologie est intéressante, mais ils utilisent un scan manuel (semblable au pistolet qui lit des codes-barres; NDRL), ce qui ralentit le processus», affirme M. Roberge.

Photonic Knowledge, qui préfère taire son chiffre d'affaires, ne cherche pas à vendre sa technologie au plus offrant. Elle préfère garder le plein contrôle sur son produit en offrant ses services aux sociétés minières. La PME dispose d'une poignée d'unités mobiles (bref, un laboratoire dans une remorque) qui se rend sur les lieux de forages. «On préfère de loin ce modèle d'affaires. Nous faisons des profits depuis un an et notre cash flow est positif», dit le président de l'entreprise.

L'appareil photo utilisé par Photonic est l'oeuvre de Photon Etc., un essaimage que M. Roberge a cofondé en 2002 avec son collègue d'école secondaire Sébastien Blais-Ouellet. C'est lors d'une présentation à un groupe de gens d'affaires que M. Roberge s'est rendu compte (presque accidentellement) que ledit appareil pourrait servir dans le domaine de la prospection minière. L'entrepreneur a donc décidé de fonder Photonic Knowledge en 2009. Il lui a fallu développer un logiciel pour adapter l'appareil à de nouvelles applications.

En moins de 18 mois, la PME est passée de 3 à 38 employés. Tous les employés font donc partie d'une coopérative de travailleurs. Cette coop détient 5% des actions de Photonic Knowledge. Même si l'entreprise compte une trentaine d'actionnaires, Éric Roberge demeure le maître à bord avec une participation majoritaire.

Éric Roberge est CMA. Il aime se présenter comme un entrepreneur ayant une formation de comptable, plutôt que l'inverse. Le père de trois enfants gérait sa propre entreprise à 14 ans. Il vendait pour 3000$ de chocolat de Pâques, dit-il.

À 15 ans, il écoulait des t-shirts dans une vingtaine de points de vente. Et à 17 ans, à son entrée au cégep, il a fondé une petite firme de comptabilité. Et tout au long de sa formation universitaire, il a élargi son champ d'expertise au fur et à mesure qu'il se familiarisait avec le monde de l'administration.

Après avoir vendu sa firme de comptable, Éric Roberge s'est spécialisé dans le financement d'entreprises, de même que dans le capital de risque. C'est ce qui l'a entre autres amené à cofonder Photon Etc. Et c'est ce qui explique en partie pourquoi il n'a pas eu trop de difficulté à trouver des bailleurs de fonds pour cette même entreprise, mais aussi pour Photonic Knowledge.