L'année 2011 a commencé en étant déclarée «année de l'entrepreneur» par le premier ministre du Canada et s'est terminée avec le dépôt d'une stratégie québécoise sur l'entrepreneuriat. Entre les deux, les bonnes PME ont su maintenir et, dans bien des cas, augmenter leurs revenus dans une économie qui s'est engourdie en deuxième partie d'année. La dextérité des chefsd'entreprise sera mise à l'épreuve en 2012, une année où les inquiétudes sont nombreuses.

Deux mots résument 2011 pour les PME: rationalisations et prudence, affirme Pierre-André Julien, économiste et professeur émérite à l'Institut de recherche sur les PME de l'Université du Québec à Trois-Rivières. «Elles continuent de chercher à réduire les coûts, à rationaliser leurs activités, à faire toutes sortes de petites innovations intéressantes», souligne-t-il.

«L'année 2011 a été moins effervescente que 2010, parce qu'on a perdu l'effet de rebond, dit Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Tout le monde a été touché par cet essoufflement, surtout en deuxième partie de l'année. Ç'a été une année où les dirigeants d'entreprise ont dû se monter très ingénieux pour combattre la morosité ambiante.»

Ils ont réagi à cette conjoncture en étant prudents et en se remettant en question, selon M. Julien. «Quand ton carnet de commandes est moins plein, tu as le temps de faire des améliorations.»

Le chercheur s'inquiète cependant de la lenteur à laquelle l'économie nord-américaine s'extirpe de la crise. «Si vous parlez à des PME, elles vous diront qu'elles sont toujours dans la même tourmente qu'en 2008, mais en moins pire. Si ça dure encore longtemps, il y aura des difficultés et d'autres fermetures d'entreprises», prévient-il. Cette incertitude ambiante a pour effet insoupçonné de ralentir le processus de transmission des PME québécoises, dont les propriétaires prennent de l'âge.

«Les chefs d'entreprise ont peur de l'avenir, c'est nouveau, dit Denis Karpicek, conseiller en transmission d'entreprise qui a piloté le transfert de sept PME en 2011. Ils ne savent pas à quoi s'attendre. L'espérance de vie augmente. Ils cherchent à garder leur entreprise le plus longtemps possible.»

Des ventes en hausse et des embauches

Selon ce que l'administrateur du site internet releve.ca a observé dans sa pratique, l'année 2011 a néanmoins été meilleure que 2010 pour les PME. Celles-ci redeviennent vendables, comparativement à 2008 ou 2009 où plusieurs avaient perdu de l'argent. Il s'attend à davantage d'action sur le plan des transmissions l'an prochain.

Vice-président crédit et gestion du risque chez Brome Capital, une firme qui offre des solutions de financement aux PME, Réal Leclair en arrive au même constat. «La majorité de notre trentaine de clients en affacturage a connu une croissance des ventes en 2011 par rapport à 2010», dit-il. L'affacturage est le financement des comptes clients.

Cette croissance modérée a eu un effet positif sur les embauches, souligne l'économiste Joëlle Noreau, avec de légères hausses du nombre de salariés dans les entreprises de 50 à 300 employés, au cours des 6 premiers mois de l'année. «Les PME éprouvent toujours des difficultés à recruter du personnel qualifié», fait-elle néanmoins remarquer.

Stratégie de l'entrepreneuriat

Sur le plan des enjeux qui préoccupent la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), principal lobby des PME, l'ampleur des taxes sur la masse salariale, le financement des retraites du secteur public et le respect du code de conduite volontaire des sociétés de cartes de crédit figurent en bonne place.

La vice-présidente pour le Québec de la FCEI, Martine Hébert, s'attend par ailleurs à de bien bonnes choses dans le rapport du groupe de travail sur l'allègement réglementaire, dans lequel elle siège. Le rapport est attendu en début d'année.

Elle a aussi de bons mots pour la stratégie québécoise entrepreneuriale rendue publique en novembre.

«On est à un tournant important, renchérit Alain Aubut, PDG de la Fondation de l'entrepreneurship. C'est un mouvement public très intéressant. Il faut maintenant que le privé emboîte le pas. J'aimerais voir les cabinets comptables et les bureaux d'avocats convaincre leurs clients entrepreneurs de devenir mentor», dit M. Aubut.

Pour ce qui est de la stratégie comme telle, il souligne la mesure du prêt d'honneur appelé Québec Initiative, en vertu duquel l'entrepreneur, notamment de la relève, peut demander un prêt personnel de 30 000$, sans intérêts, ni garanties. La somme sert ensuite de levier financier pour un prêt bancaire plus conséquent. L'objectif est de prêter à 160 nouveaux entrepreneurs d'ici 2014.

Mais avant de penser à 2014, attardons-nous à 2012. «Une année qui débute sur les braises de l'année précédente, rappelle Joëlle Noreau. On finit l'année avec beaucoup d'incertitudes. On s'attend en 2012 à une économie avec une croissance très, très modeste.»

Ce climat d'hésitation n'empêche toutefois pas les entrepreneurs d'afficher un brin d'optimisme. «En octobre dernier, quand nous avons rencontré nos clients à tour de rôle, dit Réal Leclair, de Brome Capital, ils anticipaient une croissance de leurs ventes en 2012.»

«Prudence, prudence», insiste le professeur Julien, en pensant à la menace que fait peser la crise des dettes souveraines européennes sur le système financier nord-américain. Personne ne souhaite que 2012 soit une répétition 2008.

Québec crée le groupe de travail sur la simplification réglementaire et administrative. Le comité présidé par l'ex-ministre Michel Audet doit remettre son rapport début 2012.

25 janvier

Le premier ministre Stephen Harper déclare 2011 l'année de l'entrepreneur.

22 mars

Le budget fédéral introduit un crédit pour l'embauche visant à réduire les cotisations à l'assurance-emploi pour les nouveaux employés pendant un an. La FCEI souhaite sa reconduction dans le budget 2012.

15 juillet

Les centres d'appels IQT Solutions cessent brusquement leurs activités à Laval et Trois-Rivières.

25 juillet

Fermeture de la dernière usine de jeans du Groupe RGR, de l'homme d'affaires Rolland Veilleux, après 37 ans d'existence. À ses meilleures années, RGR employait 1800 personnes.

31 août

Le dernier repas est servi au restaurant Madrid, une institution de l'autoroute 20, à Saint-Léonard d'Aston, à mi-chemin entre Montréal et Québec.

1er novembre

L'installation d'un module d'enregistrement des ventes dans tous les restaurants du Québec devient obligatoire. La mesure vise l'évitement fiscal. À terme, Québec espère récupérer 300 millions par année.

8 novembre

Lancement d'Export Québec, guichet d'aide à l'export destiné aux PME. L'organisme dispose d'un budget de 20 millions$ par an pendant 3 ans.

8 novembre

Ottawa annonce une réduction de la hausse prévue des cotisations à l'assurance-emploi entrant en vigueur le 1er janvier 2012.

15 novembre Lancement de la Stratégie québécoise de l'entrepreneuriat.

Archives La Presse

Le Madrid était bien connu pour ses camions aux pneus surdimensionnés et ses dinosaures.