Domaine Pinnacle, qui se présente comme le plus important producteur de cidre de glace au monde, va bientôt se doter d'un alambic afin de développer ses propres spiritueux. La PME deviendra ainsi une microdistillerie. Son but: diversifier sa production, mais surtout, continuer à exporter des produits québécois à valeur ajoutée.

L'entreprise n'agit pas sur un coup de tête, car elle possède son permis de distillation depuis déjà cinq ans. Elle devait détenir un tel permis pour pouvoir commercialiser deux produits dans lesquels il y a, d'une part, du rhum importé des Antilles, et d'autre part, de l'eau-de-vie de pommes importée de France.

Bref, on peut détenir un permis de distillateur sans pour autant distiller de l'alcool. Il devient cependant obligatoire si l'on veut élaborer des produits dont l'un des ingrédients est un spiritueux ou un alcool de base.

Ce même permis a encore servi cette année au Domaine Pinnacle pour lancer un gin dit «premium». Le gin comme tel provient de l'extérieur du Québec. La PME le reçoit, le fait macérer avec des herbes indigènes, puis le dilue avec de l'eau avant de l'embouteiller. Résultat, un gin baptisé «Ungava» qui connaît beaucoup de succès, principalement dans les bars de la Belle Province.

Le gin Ungava de Domaine Pinnacle sera sous peu exporté par le géant français Camus, le principal distributeur à l'étranger des produits de la PME québécoise, dont le siège social et le verger de 400 acres sont situés à flanc de montagne à Frelighsburg.

«Maintenant que nous avons testé différents produits qui fonctionnent assez bien, nous sommes prêts à faire nos propres spiritueux ici même au Québec», s'enthousiasme Charles Crawford, président et actionnaire majoritaire. Dans la foulée, la PME de 35 employés investit près d'un demi-million dans ses installations industrielles situées à Cowansville.

Le chef d'entreprise souhaite par ailleurs pouvoir vendre ses spiritueux sur le site de fabrication, ce qui est pour l'instant interdit au Québec (voir autre texte). Il a récemment fait parvenir une lettre à l'Assemblée nationale pour demander un amendement à la Loi sur la Société des alcools du Québec.

Domaine Pinnacle commercialise déjà une douzaine de produits, principalement à base de pommes, mais aussi de sirop d'érable. Avec son alambic, l'entreprise des Cantons-de-l'Est veut créer des alcools ayant notamment comme ingrédients des petits fruits et du sirop d'érable. Bref, des produits locaux.

Charles Crawford s'intéresse à la production de spiritueux pour diverses raisons. Tout d'abord, parce que le marché québécois du cidre de glace est parvenu à maturité, dit-il. «Même si nos exportations, en hausse de 17%, compensent le manque à gagner au Québec, il devient essentiel de diversifier notre production. On a la preuve que ce qui fonctionne ici est exportable», affirme l'homme d'affaires.

Aussi, ajoute-t-il du même souffle, les produits de niche sont en vogue actuellement partout dans le monde. «Avec le phénomène de mixologie, les spiritueux sont très demandés. Et les gens recherchent des produits de qualité, des produits différents. Je crois que nous avons les ingrédients et le savoir-faire nécessaires pour trouver notre place dans ce marché-là», dit Charles Crawford.

Fondé en 2000, Domaine Pinnacle est aujourd'hui considéré comme le plus important producteur de cidre de glace du monde. La PME dit occuper 35% du marché québécois. Son élixir trouve preneurs dans plus de 50 pays. C'est en Asie que le produit québécois connaît la plus forte croissance ces dernières années, dit Charles Crawford, un entrepreneur issu du secteur de l'informatique.