Après une tentative d'expansion hors Québec qui a avorté il y a près de 25 ans, Rôtisseries St-Hubert tente à nouveau sa chance à l'extérieur de la Belle Province. L'entreprise familiale, qui célèbre cette année ses 60 ans de fondation, a des visées au Canada, aux États-Unis et même, à plus long terme, au Mexique et jusqu'en Asie.

Celle qui se présente comme la plus importante chaîne de restauration appartenant à des intérêts québécois a les moyens de ses ambitions. Ses finances sont saines, mais surtout, elle compte dans son équipe un joueur d'exception: son président Daniel Cousineau. En poste depuis seulement deux ans, M. Cousineau a une feuille de route impressionnante. De 1986 à 2006, il a sillonné la planète pour y ouvrir des restaurants.

Le nouveau patron des Rôtisseries St-Hubert a inauguré quelque 1200 restaurants dans près de 70 pays pour le compte de franchiseurs comme Domino's, Papa Johns et Van Houtte. Le marché international, il connaît. Pas étonnant que Jean-Pierre Léger, PDG, président du conseil et principal actionnaire, se soit tourné vers Daniel Cousineau pour ses projets d'expansion.

Miser sur le concept Express

St-Hubert compte actuellement 112 établissements au Québec, c'est-à-dire 78 restaurants et 34 concepts Express. C'est d'ailleurs en misant uniquement sur ses bannières Express que la chaîne québécoise veut croître. Une succursale Express compte près de 50 employés et de 85 à 150 places assises. On n'y offre que le service au comptoir, donc aucun serveur n'y travaille. Le service au volant et la livraison y sont toutefois offerts.

Ouvrir une bannière Express coûte environ 2,5 millions, contre 5 millions pour un restaurant complet. «Et le retour sur investissement y est très intéressant. Certains Express font plus d'argent qu'un restaurant avec service aux tables», affirme Daniel Cousineau.

Une première bannière Express a ainsi ouvert ses portes la semaine dernière à Bathurst, au Nouveau-Brunswick. Deux autres sites sont sur le point d'ouvrir en Ontario: l'un à Rockland, l'autre à Kingston. Bref, une dizaine d'établissements sont actuellement en construction ou font l'objet de négociations au Canada.

Quant aux États-Unis, un premier St-Hubert Express devrait ouvrir ses portes en Nouvelle-Angleterre (dans la région de Boston, vraisemblablement), à court terme. Des négociations ont également été amorcées au Mexique et en Asie. «Mais il n'y aura pas d'ouverture avant 2013-2015», dit Daniel Cousineau.

Il se pourrait par ailleurs, pour des raisons culturelles, que la rôtisserie québécoise modifie son nom hors du Canada. «On ne sait pas encore. On peut conserver le même nom ou peut-être devenir Hubert's, ou quelque chose du genre. On verra», explique le président de l'entreprise fondée en 1951 par René et Hélène Léger.

Rôtisseries St-Hubert ne veut pas répéter les mêmes erreurs qu'il y a une vingtaine d'années lorsque l'entreprise a ouvert environ 20 restaurants au Canada, de même qu'en Floride.

«Nous nous étions associés à des investisseurs qui n'avaient pas nécessairement la passion de la restauration. Nous ne ferons pas la même erreur deux fois. Cette fois, nos partenaires seront des gens chevronnés dans le domaine. Et nous leur demanderons aussi d'être maître-franchiseur avec exclusivité de territoire», dit le patron de la célèbre chaîne québécoise.

Au Québec

L'entreprise exploite près d'une quinzaine de restaurants en société au Québec. Les autres succursales appartiennent à 50 franchiseurs, dont certains, comme le Groupe Martin, possèdent une dizaine de restaurants. Daniel Cousineau refuse de dévoiler le chiffre d'affaires de l'entreprise à capital fermé. «Nous servons 35 millions de repas par année; faites le calcul», dit-il.

Les projets d'expansion pour le Québec sont plus modestes, mais sont néanmoins dignes de mention. Toutes les principales villes de la Belle Province comptent un (sinon davantage) restaurant ou une bannière Express. Daniel Cousineau étudie la possibilité d'ouvrir des microsuccursales St-Hubert dans les plus petits marchés.

Autre aspect sur lequel planche le nouveau patron: rajeunir la clientèle. Daniel Cousineau souhaite y parvenir en revoyant son menu. Dès cet automne, une dizaine de nouveaux produits y seront intégrés (entrées, plats principaux, desserts, etc.).

Par ailleurs, les produits St-Hubert vendus en épicerie (tarte au sucre, pâté au poulet, soupe, sauce, etc.) représentent 40% du chiffre d'affaires des Rôtisseries St-Hubert. L'entreprise possède sa propre usine de production dans les Laurentides. Elle gère également son réseau de distribution. «Il ne nous manque que les fermes d'élevage et les abattoirs et nous serions complètement intégrés», fait remarquer Daniel Cousineau.