Planteck est une entreprise unique au monde. Cette PME de L'Assomption, dans Lanaudière, est la seule à cloner en laboratoire des pivoines Itoh. Cette variété de plantes vivaces était jusqu'à tout récemment l'apanage des collectionneurs. L'objectif de Planteck est de démocratiser, donc de rendre accessible, ce type de pivoine aux quatre coins du monde. Et elle prend actuellement les moyens pour y parvenir.

L'entreprise de 13 employés, dont les ventes oscillent autour du million de dollars, est en mode réorganisation. Elle vient tout juste d'ouvrir un laboratoire au Mexique. But avoué: réduire ses coûts afin de rendre ses produits encore plus abordables. Du coup, Planteck espère tripler son chiffre d'affaires d'ici deux ans.

Un plant mature de pivoines Itoh coûte actuellement 80$ dans un centre de jardin. Planteck souhaite réduire ce prix à 30$. «Les travaux de recherche et toute notre expertise vont demeurer au Québec, mais produire uniquement ici coûte très cher. Nous avions déjà une deuxième unité de production au Costa Rica. En ajoutant le Mexique, nous croyons pouvoir augmenter notre production à moindre coût», explique Richard Labbé, président et chef de la direction.

Planteck se présente comme un laboratoire de multiplication in vitro (ou micropropagation) de plantes horticoles. Ses installations de L'Assomption, situées sur les lieux de la pépinière de la Ville de Montréal, sont sous la supervision de Caroline Constabel, docteure en hybridation de végétaux (plant breeding).

Mme Constabel a mis au point au cours des 10 dernières années une méthode unique - qu'elle préfère taire - de clonage des plantes horticoles. Dans un environnement contrôlé, elle utilise des fioles en verre et des contenants en plastique, entre autres accessoires. Le reste relève du secret industriel.

La biotech québécoise vend ses fleurs à des producteurs de plantes vivaces. Elle tire 20% de ses revenus au Canada, 50% aux États-Unis et 30% en Europe occidentale, de même qu'en Asie. Et, ralentissement économique ou pas, Planteck dit ne pas avoir à s'inquiéter de la réponse des consommateurs. «La demande est là. Nous vendons tout ce que nous produisons. L'offre est beaucoup trop faible par rapport à la demande. Il y a donc encore beaucoup de place dans le marché», dit Richard Labbé.

Il faut donc battre le fer pendant qu'il est chaud, ajoute-t-il du même souffle. «On travaille avec du vivant. On ne peut pas aller plus vite que la plante. Mais en augmentant nos sites de production, on met toutes les chances de notre côté. Travailler sur différents sites est aussi une sorte de police d'assurance. On ne garde plus nos plants mères au même endroit, ce qui réduit les risques en cas d'incendie, par exemple», explique l'homme d'affaires.

Les pivoines Itoh ont été créées dans les années 40 par un Japonais qui leur a donné son nom. Ce type de plante réunit le meilleur des deux variétés de pivoines les plus connues, la pivoine herbacée et la pivoine arborescente. L'Itoh est par conséquent rustique, rigide (elle ne s'affaisse pas sous le poids de ses fleurs) et elle n'attire pas les fourmis. Son principal défaut: elle est stérile.

Voilà pourquoi, au lieu d'attendre qu'un plant d'Itoh devienne mature, donc qu'il prenne assez de volume pour être divisible, Planteck a choisi de les reproduire en laboratoire. «À long terme, ça peut nous jouer des tours, car les producteurs en champs pourront cultiver nos plants à grande échelle et les diviser au bout de quelques années. Mais nous ne sommes pas encore rendus là», dit Richard Labbé, un comptable agréé qui a quitté le secteur privé pour se joindre à Planteck il y a une dizaine d'années.

Les pivoines (environ 100 000 multiplications par année) représentent 70% du volume d'affaires de l'entreprise. Les orchidées vivaces (plusieurs milliers d'unités) comptent pour 20%. Les 10% restants proviennent de contrats privés pour le clonage d'hostas et autres échinacées.

La PME, qui a vu le jour vers 1997, compte quatre actionnaires. Outre Caroline Constabel et Richard Labbé, l'entreprise appartient à Yves Dubé, qui travaille à plein temps chez Les Abris Harnois, et à Normand Tellier, pépiniériste de Saint-Félix-de-Valois.

Planteck s'est fait connaître à l'étranger en participant à d'importants salons horticoles, dont le très couru IPM, en Allemagne. «Au début, on y allait avec l'objectif d'amortir nos frais de déplacement, d'environ 10 000$. Aujourd'hui, on nous demande notre expertise pour certaines plantes. On commence à avoir une certaine reconnaissance scientifique», se réjouit Richard Labbé.