En cette ère de l'automatisation, Aliments Bégin détonne. Cette PME de la Beauce a sciemment choisi de ne pas fabriquer ses pizzas surgelées à l'aide d'équipement industriel. Résultat: les quelque 1,5 million de pizzas qui sortent annuellement de ses deux usines sont préparées à la main.

«On pourrait tout automatiser; on en a les moyens. Mais il faudrait centraliser les activités, fermer l'une de nos deux usines, mettre des gens à pied. Ce n'est pas dans nos plans. Nous avons évidemment recours à de la machinerie, mais 80% des opérations sont faites à la main», explique Yanick Bégin, vice-président technologie et marketing.

Cette façon de faire ne coûte-t-elle pas plus cher en fin de compte? Certainement, mais cela permet à l'entreprise d'offrir des produits différents et donc de trouver sa niche afin de mieux se mesurer aux McCain et autres Nestlé de ce monde, souligne l'homme d'affaires de 32 ans.

«Les gens nous écrivent des courriels ou ils nous téléphonent pour nous féliciter. Ils ont l'impression de manger une pizza maison. Il y a de la demande pour nos produits. Les marchands nous appellent pour en avoir», dit Yanick Bégin.

De toute évidence, les pizzas beauceronnes gagnent en popularité. Aliments Bégin, fondée en 1997, a connu une croissance de 20% à 25% au cours des dernières années. Son chiffre d'affaires est d'environ 5 millions de dollars. Son objectif d'ici trois ans est à la fois d'aller chercher de nouveaux points de vente et d'augmenter ses ventes là où elle est déjà présente.

Les produits de l'entreprise sont distribués exclusivement au Québec dans plus de 500 points de vente. Ils trouvent majoritairement preneur dans les supermarchés des trois géants de l'alimentation (Loblaws, Sobeys et Metro). «Nous allons continuer d'aller à la rencontre des gérants d'épicerie. Nous y allons au cas par cas. Notre budget de marketing est pour ainsi dire inexistant», dit Yanick Bégin, détenteur d'un MBA.

Et pas question pour l'instant de lorgner d'autres provinces ni de tenter une percée aux États-Unis. «Il y a encore beaucoup à faire au Québec», dit l'entrepreneur qui ne semble pas non plus souhaiter fabriquer des pizzas pour le compte de marques privées. «On a déjà pris contact avec nous», dit-il.

Trois variétés

Aliments Bégin fabrique et met en marché trois variétés de pizzas surgelées vendues entre 5,99$ et 6,99$. La marque Resto Pizz, laquelle représente 80% des ventes de la PME, se décline en 5 saveurs. La Salute, une pizza à pâte mince qui vise une clientèle plus soucieuse de son alimentation, est offerte en six saveurs. Enfin, il y a la LeClerc, qui est vendue en trois saveurs. Cette dernière marque est le fruit d'une acquisition.

Acquisition

En 2007, afin d'augmenter son offre et, par le fait même, sa capacité de production, la PME a fait l'acquisition de LeClerc, fabricant de pizzas surgelées situé à Saint-Prospère, au nord de Saint-Georges-de-Beauce. Aliments Bégin possède donc deux usines. La première, à Saint-Ludger, compte une quinzaine d'employés. Celle de Saint-Prospère, beaucoup plus moderne, fait travailler 23 personnes.

Cette acquisition a d'ailleurs permis à l'entreprise de mieux organiser ses activités de distribution. Yanick Bégin y est pour beaucoup. Anciennement employé de la SAAQ, ce diplômé en informatique a commencé à mettre ses talents au service de la PME familiale il y a quelques années. Il a notamment mis en place un système permettant d'obtenir en temps réel les informations relatives aux ventes.

Aliments Bégin a été fondée par Bernard Bégin. Dans une autre vie, M. Bégin était boucher et propriétaire de l'épicerie du village à Saint-Ludger. Par un concours de circonstances, il a fermé boutique pour se consacrer à la fabrication de sandwichs, de saucisses, puis de pizzas. Les sandwichs représentent aujourd'hui 10% du chiffre d'affaires de la PME.

À 62 ans, Bernard Bégin occupe toujours le siège de président. Outre Yanick, l'homme d'affaires compte également dans son équipe un autre fils, Roby, 39 ans, vice-président ventes et distribution.

Même s'il dit adorer ce qu'il fait, le patriarche commence à penser à sa retraite. Le processus de relève est achevé à 80%, dit-il. Chacun des membres de la famille est actuellement actionnaire à hauteur de 33%.