Rose Drummond se transformera en potager au cours des prochaines années. La PME du Centre-du-Québec cherche plus que jamais à diversifier ses activités. À ses roses, gerberas et autres fleurs coupées s'ajouteront dorénavant des fraises, de l'ail, des pommes de terre, des carottes, etc.

L'entreprise de 35 employés vise avant tout à occuper de l'espace vacant. Mais elle souhaite également augmenter ses revenus, car le secteur des fleurs coupées ferait du surplace depuis quelque temps.

Le complexe serricole de Rose Drummond s'étend sur quelque trois hectares le long de l'autoroute 20 entre Montréal et Québec. De ce nombre, environ un hectare sert à la culture de fleurs à l'année. Un autre hectare est loué au Groupe Hydroserre, lequel y fait pousser de la laitue vendue sous la marque Mirabel. Il restait donc un hectare inutilisé.

«L'idée, c'est d'offrir des produits hors saison. On ne cherche pas nécessairement à concurrencer les maraîchers en plein été. On veut créer un potager de luxe pendant la saison froide. On va continuer à vendre du «Wow!», mais en version comestible», explique Marie Lampron, directrice ventes et marketing. La jeune femme est l'un des 11 enfants de Denis et Diane Lampron, fondateurs de l'entreprise.

Ainsi, dès le début du mois d'avril, Rose Drummond prévoit récolter en environ un mois et demi quelque 1500 kg de fraises. Les petits fruits charnus seront vendus directement à la boutique attenante aux serres, mais aussi à des restaurateurs québécois, espère Mme Lampron. D'ailleurs, tout comme pour ses fleurs, la PME souhaite vendre un fort pourcentage de ses nouveaux produits à même ses installations.

L'ail devrait quant à lui être prêt en mai. Il est toutefois possible de se procurer des fleurs d'ail entre-temps. La PME a mis en terre environ 40 000 caïeux d'ail. Une quarantaine de variétés sont actuellement à l'essai. Selon Marie Lampron, le Québec ne produit que 5% de l'ail qui est consommé dans la Belle Province.

Carottes, pommes de terre et autres légumes

Pour ce qui est des carottes, des pommes de terre, voire des autres types de légumes qu'elle aimerait commercialiser, Rose Drummond en est à l'étape de recherche et développement. Marie Lampron et sa soeur Amélie, directrice de production, travaillent en étroite collaboration avec le producteur de légumes biologiques André Deslauriers.

Impossible de savoir combien la PME investit dans cette nouvelle aventure. Idem pour ce qui est de son chiffre d'affaires. Tout au plus, Marie Lampron affirme que Rose Drummond est en bonne santé financière.

Ce n'est pas la première fois que la PME familiale tente de diversifier ses cultures. Il y a près de 10 ans, le fondateur Denis Lampron s'était lancé dans la culture de fraises. Mais l'aventure s'était révélée trop onéreuse.

«Mon père était parti de petites boutures et avait amené les plants à maturité. Ça avait coûté une fortune pour chauffer les serres», rappelle Marie Lampron. Cette fois-ci, les Lampron ont acheté leurs plants de fraises directement de Simon Parent, de l'entreprise Nova Fruit, à Saint-Paul-d'Abbotsford. M. Parent se spécialise dans la commercialisation de plants de fraises qui sont prêts à produire.

Sans pour autant dire que leurs produits sont biologiques, les soeurs Lampron affirment ne pas utiliser d'engrais chimique ni d'insecticides et encore moins de pesticides. Pouvoir offrir des produits québécois frais et de qualité entre octobre et mai sera pour l'entreprise «un excellent outil de marketing», croit Marie Lampron, 32 ans et active au sein de l'entreprise depuis presque 10 ans.

Outre l'ajout de nouvelles cultures, Rose Drummond devrait faire l'objet d'un changement de garde au cours des prochaines années. La relève semble vouloir prendre sa place. Marie et Amélie Lampron se disent très intéressées.

«C'est dans l'air, mais on n'en parle pas encore ouvertement dans la famille. Nous sommes 11 enfants; ce n'est pas évident. Mon père dit ne pas vouloir nous laisser un panier de crabes», explique Marie Lampron, qui fait pourtant partie d'un club de relève au Groupement des chefs d'entreprise.

Rose Drummond a vu le jour en 1986. Denis et Diane Lampron, de même que 35 petits actionnaires et 5 institutions financières, ont cofondé le complexe serricole. En 1996, à la suite d'une faillite retentissante, les Lampron n'ont pas voulu quitter le navire et sont demeurés les seuls actionnaires des serres. Denis Lampron s'offre dorénavant deux jours de congé par semaine. Il vient de céder sa place à la tête de l'entreprise à sa conjointe Diane, qui porte dorénavant le titre de directrice générale.