Une entente de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne pourrait signifier le début d'un temps nouveau pour la PME Produits Zinda. Plus importante productrice de couscous en Amérique du Nord, l'entreprise de Candiac prévoit doubler sa production le jour où les portes du Vieux Continent lui seront toutes grandes ouvertes. Du coup, l'entreprise québécoise se rapprochera de son but ultime: devenir le numéro un mondial du couscous.

L'Europe serait un marché «naturel» pour Zinda, car on y consomme beaucoup de couscous, aliment séculaire rendu populaire notamment grâce à la proximité de l'Afrique du Nord. Mais les tarifs douaniers et autres prélèvements agricoles représentent des frais qui totalisent 41% pour la PME québécoise. Or, dans un contexte de libre-échange, ces barrières tarifaires tomberaient ou seraient revues à la baisse.

Une percée au sein des pays de l'Union européenne, laquelle compte 27 États membres et près d'un demi-milliard d'habitants, permettrait de créer de 30 à 50 nouveaux emplois à Candiac. Cela ferait passer la production annuelle de Zinda de 8000 à 16 000 tonnes de couscous, prédit Said Chergui, vice-président directeur et cofondateur de l'entreprise.

D'ici à ce que les choses débloquent, le géant nord-américain du couscous se prépare. Il a entre autres investi dans l'amélioration de sa productivité. L'an dernier, la PME montérégienne a injecté quelque 750 000$ dans l'automatisation d'une partie de ses activités. D'autres investissements de taille devraient suivre à court terme, notamment un nouvel agrandissement sur un terrain de 100 000 pieds carrés adjacent aux installations de Zinda.

Said Chergui est on ne peut plus optimiste pour la suite des choses. «Les dirigeants canadiens et européens en sont au cinquième round de négociations pour une entente de libre-échange entre les deux continents. Les gens du MAPAQ et d'Agriculture Canada nous disent qu'il va se passer quelque chose d'ici la fin de 2011 ou au début de 2012», dit-il.

L'homme d'affaires québécois d'origine marocaine a d'ailleurs participé au Salon international de l'agroalimentaire (SIAL) de Paris l'an dernier, événement qu'il avait quelque peu boudé au cours des dernières années pour des raisons évidentes.

À l'issue du SIAL parisien, des ententes conditionnelles ont notamment été signées avec des chaînes de supermarchés, des distributeurs et des industriels européens dont Said Chergui préfère taire les noms pour le moment. Il en va de même pour le chiffre d'affaires de l'entreprise à capital fermé.

Actuellement, Zinda exporte près de 60% de sa production dans une quinzaine de pays. Des États-Unis à l'Australie en passant par quelques pays d'Amérique latine et du Moyen-Orient. Petit à petit, la PME de Candiac gagne des parts de marché et espère devenir le plus important producteur de couscous du globe.

Si cela devait s'avérer, l'entreprise ne songe aucunement à ouvrir d'autres usines à l'étranger. En fait, elle a tout ce qu'il lui faut au Québec. Le couscous (ou semoule) est fait à partir de blé durum. Or, il se trouve que le Canada est le plus important producteur de blé durum du monde, dit Said Chergui. Aussi, le processus de fabrication du couscous étant énergivore, Zinda est très avantagé par rapport à la concurrence puisque les coûts énergétiques québécois sont parmi les plus bas au monde.

Comme si devenir le roi mondial du couscous n'était pas déjà assez, Said Chergui et son équipe ont mis la main en 2009 sur les PME québécoises Prolimer et Balsavour. Prolimer fabrique des produits frais et surgelés (mousses, tartinades, pizzas, pâtés, etc.) à base de poisson et de fruits de mer. Quant à Balsavour, elle se spécialise dans l'importation et la transformation d'olives. Du coup, le nombre total d'employés de Zinda est passé de 40 à 120.

But avoué de ces deux acquisitions: diversifier les activités de Zinda, mais aussi donner encore plus de rayonnement à Prolimer et Balsavour, dont les ventes étaient surtout concentrées au Québec. Mission en partie accomplie puisque les deux marques sont maintenant vendues ailleurs au Canada, ainsi que dans un nombre croissant d'États américains.

La PME offre une vingtaine de produits vendus sous différentes marques privées, mais aussi sous ses marques à elles (Zinda, Prolimer et Balsavour). L'entreprise a innové en créant un couscous à saveur (tomates, épinards, etc.) et à cuisson rapide.

Said Chergui est arrivé au Québec il y a 30 ans. L'idée de créer une usine de couscous a fait son chemin à la fin des années 90 lorsque Majid Jamaleddine, ami d'enfance de M. Chergui, est venu en visite en Amérique du Nord. M. Jamaleddine était fabricant de couscous au Maroc.

Les deux hommes d'affaires, qui demeurent à ce jour les principaux actionnaires de l'entreprise, sont passés du rêve à la réalité. Et leur réalité est aujourd'hui empreinte de succès.