Lorsque la NASA s'intéresse à son invention, alors que le premier prototype vient à peine d'être terminé, c'est un signe qu'on a un bon produit en main!

«La caméra la plus sensible au monde.» C'est le produit-vedette de l'entreprise montréalaise Nüvü Caméras, fondée au printemps dernier par Olivier Daigle, 33 ans, vice-président, recherche et développement, et Marie-Ève Ducharme, 31 ans, présidente-directrice générale.

Cette caméra, c'est d'abord l'aboutissement du projet de doctorat d'Olivier Daigle, ingénieur et astrophysicien, qui vient d'être consacré Personnalité scientifique de l'année 2010 La Presse/Radio-Canada. Ce qui distingue la caméra conçue par le jeune homme, c'est sa capacité à capter la plus infime quantité de lumière, sans bruit de fond qui viendrait brouiller l'image. «Ça permet d'obtenir des images 10 fois plus nettes que les meilleures caméras sur le marché», déclare Mme Ducharme qui, en plus d'être gestionnaire, est aussi physicienne de formation.

«Si on vous donne un verre d'eau et qu'on vous demande de le mesurer avec une tasse qui n'a qu'une seule graduation, vous aurez très peu de précision, illustre M. Daigle. Notre caméra, c'est comme une tasse à mesurer qui aurait 1000 graduations!»

Le produit de Nüvü Caméras n'est toutefois pas le genre de caméra qui se retrouve chez les détaillants d'appareils électroniques. Ses caméras se vendent à plusieurs dizaines de milliers de dollars l'unité et s'adressent surtout aux universités, centres de recherche et agences spatiales. Nüvü Caméras produit à la fois des contrôleurs - des composants électroniques qui se greffent aux caméras existantes pour améliorer leur performance - et des caméras complètes. L'entreprise prévoit en vendre 12 unités la première année et a des prédictions encore plus importantes pour les années à venir. Des exemplaires se retrouvent déjà à l'Observatoire du mont Mégantic, à la NASA, dans un télescope au Chili, et l'entreprise a des commandes dans plusieurs autres pays.

Mais, au-delà des étoiles, les fondateurs de Nüvü Caméras ont aussi les deux pieds bien sur terre. Ils visent maintenant le domaine de l'imagerie biomédicale. «Pour détecter des tumeurs cancéreuses, on utilise des biomarqueurs fluorescents qui se fixent aux cellules cancéreuses, explique M. Daigle. Avec les caméras actuelles, si le signal est trop faible, la tumeur ne sera pas détectée.»

L'entreprise collabore donc avec des centres hospitaliers universitaires pour mettre au point de meilleurs outils de diagnostic, et continue de rechercher de nouvelles applications pour cette caméra ultra-sensible.

Contribuer à l'innovation technologique

La PME prend son envol au sein de l'incubateur d'entreprises technologiques J.-Armand-Bombardier, établi sur le campus de l'Université de Montréal et de l'École Polytechnique. «C'est l'endroit idéal pour démarrer une entreprise de haute technologie», affirme Marie-Ève Ducharme.

Les deux cofondateurs de Nüvü Caméras s'étaient d'ailleurs rencontrés, quatre ans plus tôt, au sein d'une autre start-up issue de l'incubateur J.-A. Bombardier, Photon etc. C'est aussi avec Photon etc. qu'ils ont vendu leur première caméra à la NASA, en 2009. Puis, voyant l'intérêt grandissant que suscitait leur produit aux quatre coins du monde, ils ont finalement mis sur pied leur propre entreprise, qui compte maintenant six employés.

Les jeunes entrepreneurs à la tête de Nüvü Caméras ne manquent pas d'ambition. «On veut être le leader des caméras ultra-sensibles», dit M. Daigle, confiant. «On veut contribuer à positionner le Québec comme un leader en innovation», ajoute sa collègue.

Pour l'instant, ils estiment que leurs quatre concurrents dans le domaine sont encore loin d'égaler leur produit. Pour Mme Ducharme, les débuts de l'entreprise sont annonciateurs de succès. «Depuis le début, les astres sont alignés!» dit-elle en riant.