L'année dernière, les gens de Salaberry-de-Valleyfield ont sablé le champagne après s'être fait confirmer que l'autoroute 30 passerait enfin chez eux d'ici la fin de 2012.

Pendant que les travaux de parachèvement de l'autoroute vont bon train, la municipalité de quelque 40 000 habitants se refait une beauté. Des travaux d'infrastructures d'une valeur de presque 140 millions ont transformé la ville en chantier à ciel ouvert.

Pendant ce temps, les élus, les commerçants et les différents intervenants de la ville préparent un plan de redynamisation du centre-ville en misant sur ce qu'elle a de plus précieux: la proximité du fleuve Saint-Laurent.

Bref, on veut redonner à Salaberry-de-Valleyfield l'appellation de petite Venise du Québec, qui lui collait à la peau au début du siècle dernier. «Avec tout ce qui se passe depuis quelques années, les gens nous disent que nous sommes la ville de l'avenir. Je leur réponds que l'avenir est enfin arrivé», lance avec une pointe d'humour le maire Denis Lapointe.

De toute évidence, Salaberry-de-Valleyfield est en pleine mutation. Nous sommes dans la même ville qui, il y a à peine quelques années, tirait le diable par la queue. La fermeture de la Goodyear, en 2007, avait laissé sur le carreau près de 1000 personnes.

Quelques mois plus tôt, l'usine de textile Gildan mettait la clé sous la porte et remerciait 200 employés. Cela venait s'ajouter à la fermeture, quelques années plus tôt, des usines de textile de Huntingdon, où des citoyens de Salaberry-de-Valleyfield gagnaient leur croûte.

Aujourd'hui, près de 85% des 1000 employés licenciés de la Goodyear ont trouvé un nouvel emploi. Ce revirement spectaculaire est en grande partie attribuable à la ténacité des Campivalenciens et à leur dynamisme entrepreneurial.

Mais le renouveau économique est également dû au comité de redéploiement économique de la MRC Beauharnois-Salaberry, dont la Ville, le CLD et Emploi-Québec font entre autres partie. Un service de développement économique, relevant de la direction générale de la Ville, a même été créé pour aider la région à se relever des coups durs encaissés au cours des dernières années.

Concertation

Le mot concertation a trouvé ici tout son sens, dit le maire Denis Lapointe. «On avait le choix de se mettre la tête dans le sable ou de se serrer les coudes», dit-il.

L'expansion des PME, la création de nouvelles petites entreprises et la formation d'un comité (le CREA-30) visant à faire profiter les entreprises de la région des nombreuses retombées économiques relatives à la construction de la nouvelle autoroute 30 sont des exemples probants de la volonté des Campivalenciens.

Et ce n'est pas fini. Selon Marie-Claude Côté, conseillère en développement à la ville, le CLD, le cégep local, la commission scolaire et les entreprises ont récemment fait l'évaluation des besoins locaux en main-d'oeuvre.

Du coup, des dizaines de jeunes ont été formés et préparés à occuper les emplois créés par les retombées de l'autoroute 30. Par exemple, indique Mme Côté, une vingtaine de jeunes ont obtenu une attestation d'études collégiales en génie civil, alors que huit autres élèves ont obtenu une attestation d'études secondaires en soudure.

Autre signe qui ne ment pas sur cette volonté de faire prospérer la région: en mai dernier, une quarantaine de gestionnaires et de dirigeants d'entreprises privées et publiques ont participé à ce qu'il est convenu d'appeler le «Sommet des partenaires pour la formation».

Changements

Malgré un enthousiasme palpable, Salaberry-de-Valleyfield ne peut s'asseoir sur ses acquis des dernières années. Sa population est vieillissante et sa démographie stagne depuis quelques années. Aussi, son taux de chômage a toujours été légèrement plus élevé qu'ailleurs en Montérégie.

Mince consolation: cette région administrative, avec un taux de chômage oscillant entre 7,4% et 8%, se situe actuellement en deçà de la moyenne québécoise.

L'arrivée de l'autoroute 30 changera de toute évidence le visage de la ville.

Cette voie de contournement au sud de Montréal attirera de nouvelles entreprises, de nouveaux commerces et, par conséquent, de nouveaux résidants.

De toute évidence, il faut s'attendre à un renouveau à Salaberry-de-Valleyfield.

SALABERRY DE- VALLEYFIELD EN CHIFFRES

> Superficie : 100 km2 (52% urbain, 48% rural)

> Population : 40 477 habitants

> Nombre d'emplois : 18 000

> Revenu disponible par habitant : 29 300$

> Taux de chômage : entre 7,4% et 8%

> Nombre de commerces et d'entreprises : 1300

> Investissements en 2010 (permis de construction toutes catégories confondues) : 81 millions

Source : Salaberry-de-Valleyfield