Les fonds communs d'obligations à rendement élevé ont été parmi les plus performants de toutes les catégories de fonds communs au cours des 12 derniers mois. Ces fonds ont rapporté entre 10 et 15%, parfois même plus.

Comme beaucoup d'investisseurs ont du mal à trouver des placements procurant des revenus intéressants, il est permis de croire que ces fonds attireront beaucoup d'argent au cours de la prochaine année.

N'y a-t-il pas là un danger? Ces rendements seront-ils encore au rendez-vous? Certains parlent même du risque de l'éclatement d'une bulle dans les obligations.

Le contexte est encore favorable aux obligations à rendement élevé, estime Francis Pelletier, vice-président, obligations corporatives à haut rendement, chez Natcan, la filiale de gestion de portefeuilles de la Banque Nationale.

«Mais à condition qu'il n'y ait pas une deuxième récession», précise-t-il.

Bien comprendre ce que l'on achète

Chose certaine, il faut être toujours méfiant et se questionner sur les raisons qui expliquent la bonne performance d'une catégorie de fonds en particulier.

«Il faut comprendre ce que l'on achète, et surtout, il faut évaluer si les conditions qui ont permis cette bonne performance sont encore réunies», dit Éric Landry, directeur principal du développement des produits d'épargne spécialisée chez Desjardins.

Les obligations à rendement élevé sont des obligations de sociétés.

La crise financière en 2008 avait affecté négativement la cote de crédit des sociétés en général. Un écart important entre les taux des obligations du gouvernement et celles des sociétés s'était alors développé.

On pouvait donc acheter des obligations de société à un taux de rendement très élevé. Lorsque la crise s'est estompée à compter du printemps 2009, les écarts se sont rétrécis, et les prix des obligations des sociétés ont été propulsés vers le haut, ce qui a permis les rendements de 15% et plus.

Ces écarts peuvent-ils encore diminuer?

L'écart de référence entre les obligations à rendement élevé et les obligations américaines de 10 ans est actuellement de 512 points de base, explique Francis Pelletier. Mais la médiane est de 443 points de base.

Étant donné que le marché a toujours tendance à excéder sa médiane, on constate qu'il y a encore possibilité d'un rétrécissement des écarts et d'une bonne performance pour la prochaine année, selon le gestionnaire de Natcan.

Les obligations de sociétés à rendement élevé demeurent intéressantes, croit également Éric Landry. Les écarts se sont rétrécis, mais ils demeurent aujourd'hui légèrement plus grands qu'avant la crise.

Néanmoins, les rendements de cette catégorie d'actifs seront probablement moins élevés cette année. «Il faut faire attention pour ne pas avoir une concentration trop forte dans ce secteur», dit-il.

Le niveau des taux d'intérêt

Ce qui explique également la performance des obligations depuis le début de l'année, c'est que les taux d'intérêt sont tombés aussi bas. Le rendement d'une obligation est composé des intérêts et du gain (ou perte) en capital occasionné par une hausse (ou baisse) du prix de l'obligation. Lorsque les taux baissent, les prix des obligations montent.

Les taux sont actuellement à des bas historiques, ce qui en amène plus d'un à parler de bulle qui n'attend que le bon moment pour éclater.

Une remontée des taux mettra-t-elle alors en péril la performance des fonds d'obligations? «Il n'y a pas de tension actuellement qui justifierait une hausse des taux, répond Éric Landry. Bien sûr que les taux sont bas, mais c'est parce que tout ne va pas très bien sur la scène économique.»

Mais qu'arriverait-il s'il y avait une reprise économique plus vigoureuse que celle que nous connaissons actuellement et que les taux d'intérêt se mettaient soudainement à remonter?

«Cela affecterait les obligations dont les prix baisseraient, mais les obligations de sociétés à rendement élevé seraient touchées dans une moindre mesure», répond Francis Pelletier.

C'est que si les taux baissent, c'est que l'économie ira mieux. Or, si l'économie va mieux, les résultats financiers des sociétés seront meilleurs et leurs cotes de crédit s'amélioreront. Les écarts de rendement entre les obligations de gouvernement et de sociétés se rétréciront alors davantage, ce qui protégera les prix des obligations de sociétés à rendement élevé.

Ne pas courir après les rendements

Il est bien connu que les fonds communs ayant réalisé les meilleurs rendements au cours d'une année sont généralement ceux qui sont le plus demandés durant l'année qui suit.

Il s'agit là d'une attitude de spéculateurs qu'il faut éviter, explique Charles Danis, vice-président responsable des ventes pour l'est du Canada chez Fidelity.

La meilleure façon d'éviter cette erreur, c'est d'avoir une bonne diversification de votre portefeuille. Le rendement proviendra de plusieurs secteurs à la fois. «Vous ne serez pas alors incité à courir après les rendements», souligne M. Danis.