En affaires, ne pas avancer équivaut à reculer. L'innovation est la voie à choisir pour ne pas faire du surplace. Mais il faut être à l'affût des tendances et en accord avec les besoins du marché si on désire en retirer les bénéfices.

Pour la première fois l'été dernier, le ministère québécois du Développement économique et de l'Industrie a insisté sur l'importance de maximiser les retombées des investissements en recherche dans sa Stratégie québécoise de recherche et innovation (SQRI).

«On ne peut tout simplement pas parler d'innovation sans penser à la commercialisation et le gouvernement l'a clairement identifié pour la première fois dans sa dernière stratégie. La recherche doit être arrimée aux besoins du marché pour devenir une innovation», croit Jean-Louis Legault, président de l'Association de la recherche industrielle du Québec.

Romain Gagnon est président du groupe DynaVision, qui se spécialise dans la réclamation de crédit d'impôt en recherche et développement. Des entreprises engagées sur la voie de la recherche, il en voit passer des centaines par année.

«Ce n'est pas nécessairement celles qui font les recherches plus compliquées qui font de l'argent, constate-t-il, mais celles qui sont assez opportunistes pour exploiter une technologie générique et la transformer en innovation commerciale.»

Parmi les technologies génériques qui sont devenues disponibles au cours des dernières années et que beaucoup cherchent à développer, M. Gagnon nomme les applications pour téléphone intelligent, le contrôle industriel et les applications en ligne. Et ce sont les entreprises les plus allumées qui tirent le mieux leur épingle du jeu:

«C'est fascinant de voir à quel point elles travaillent sur les mêmes technologies. Sauf qu'il y en a qui brevettent avant les autres et deviennent les premières à arriver sur le marché», explique-t-il.

Innover pour se démarquer

Cristiane Bourbonnais est une experte en stratégie de marques. Sa carrière est jalonnée de bons coups, comme la campagne Monsieur B pour Bell (avec Benoît Brière) et la conception de la stratégie marketing pour la marque Fido.

Pour la femme d'affaires, désormais à la tête de sa propre compagnie Cohésion, il n'y a pas de doute: l'innovation est la clé du succès et de la pérennité d'une entreprise, quel que soit son champ d'expertise.

«Quand une entreprise a atteint un certain stade de maturité, il s'installe une routine, un confort où on surfe sur un capital acquis. Mais les marchés, eux, continuent d'évoluer. À partir du moment où l'entreprise n'est plus en situation d'innovation, le client est en situation d'habitude. L'innovation, c'est ce qui nous garde en amont de nos concurrents. Les meilleures marques, les plus vibrantes, sont celles qui innovent sans cesse», affirme-t-elle, citant en exemple Google, qui vient tout juste de lancer sa dernière invention, la Google TV.

«Leur innovation est fantastique, dit Mme Bourbonnais, car ça change la télévision et dit aux consommateurs que Google est une entreprise vive, agile et intelligente.»

Martin Joyal, le propriétaire de Rapid Snack, entreprise manufacturière spécialisée dans les barres de céréales, est un exemple probant d'entrepreneur innovateur. Au sein de son entreprise, qu'il a achetée alors qu'elle était au bord de la faillite en 2001, il n'a de cesse d'innover pour faire grandir ses parts de marché. En neuf ans, il a connu une augmentation de ses ventes d'au moins 35% par année. Pour lui, «l'innovation est ce qui fait avancer une entreprise».

«Il faut être un pionnier, anticiper les tendances et innover sans cesse, même si ça coûte cher. L'important, c'est de voir à long terme», affirme-t-il. Une philosophie qu'il applique dans tous les secteurs de son entreprise, de la recherche de nouveaux produits à la production dans son usine de Montréal, en passant par les processus.

Par exemple, il a été un des premiers à accoler l'étiquette «peanut free» à son processus de production.

«En 2005, on était les premiers, dit M. Joyal. J'ai dû me battre avec les multinationales pour avoir les garanties que les aliments qu'elles nous vendaient étaient sans noix ni arachides. On a été précurseurs en créant un produit avec une nouvelle tendance. C'est une façon de nous vendre aux clients. Aujourd'hui, des multinationales ont suivi la tendance et nous tassent; mais nous on continue d'avancer, toujours en amont!»

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT

Importance de la planification fiscale

Il existe au Canada et au Québec un programme incitatif à la recherche scientifique et au développement expérimental qui permet de bénéficier de crédits d'impôt importants sur les investissements faits pour la recherche et développement (R&D). Des recherches qui peuvent mener ultimement à la mise en marché d'une innovation. Selon Romain Gagnon, président de la firme DynaVision, spécialisée dans les réclamations de crédits d'impôt en R&D, une réclamation bien documentée et satisfaisant à tous les critères d'admissibilité permet de subventionner jusqu'à 95% des salaires, 58% du coût des matériaux utilisés pour l'expérimentation, 58% de la location d'équipement spécialisé et 53% des dépenses en sous-traitance. «En 2010, c'est incontournable. Une entreprise qui ne va pas chercher ses crédits d'impôt subit un désavantage concurrentiel important!»

LES TROIS CONDITIONS DE L'INNOVATION

Pour qu'une innovation ait un impact sur les parts de marché de l'entreprise, elle doit remplir trois conditions, selon Cristiane Bourbonnais, experte en stratégie de marque:

PERTINENCE

L'innovation doit répondre à un réel besoin ou problème de la clientèle.

PERCEPTIBILITÉ

À l'utilisation, le progrès qu'apporte l'innovation doit être perceptible, tangible. L'innovation ne doit pas seulement servir à un petit nombre de spécialistes.

VISIBILITÉ

Le client doit savoir que l'innovation existe, en passant par une stratégie de communication et de marketing. Sinon, l'innovation ne sert à rien!