Le présentéisme caractérise le comportement de se présenter au travail malgré des problèmes de santé physiques ou psychologiques. «C'est une omission de s'absenter alors que l'on aurait des motifs valables de le faire», dit Éric Gosselin, professeur à l'Université du Québec en Outaouais et chercheur à l'Institut de recherche en santé des populations.

Et le problème est assez répandu. «Les études mentionnent que chaque employé ferait entre cinq et dix jours de présentéisme par année, et qu'environ 70 à 80% des travailleurs disent avoir fait au moins une journée de présentéisme au cours de la dernière année», ajoute M. Gosselin.

Si l'on sait déjà que l'absentéisme coûte cher aux organisations, les chercheurs sont en train de constater que le présentéisme entraînerait des pertes de productivité aussi importantes et coûterait aussi très cher, car la présence au travail n'est pas garante de la performance.

«Selon une étude menée aux États-Unis en 2005, le présentéisme y entraînerait des coûts approximatifs de 180 milliards par année», dit le professeur.

Volontaire ou involontaire

Le présentéisme peut être volontaire ou involontaire, précise le chercheur. «Certaines personnes sont très fortement engagées envers leur travail ou leur entreprise, et elles aiment leur travail, ajoute-t-il. Elles viennent travailler même si elles ne se sentent pas bien.»

Dans des secteurs d'emploi où le personnel est majoritairement féminin, comme l'enseignement, le présentéisme s'explique dans plusieurs cas par le fait que les mères préfèrent garder leurs congés de maladie pour les jours où leurs enfants seront malades.

D'un autre côté, c'est l'absence de congés de maladie ou la peur d'être licencié qui entraînent un présentéisme bien involontaire pour certains travailleurs.

Juste milieu

«Les gens qui vont travailler quand ils sont malades sont improductifs, dit Éric Gosselin. De plus, le fait de se pas s'absenter peut occasionner davantage de problèmes de santé à moyen ou à long terme en aggravant la situation.»

Parmi les hypothèses envisagées par les chercheurs, le présentéisme serait peut-être aggravé par des programmes pour contrer l'absentéisme ou pour promouvoir l'engagement organisationnel... trop efficaces!

Pour trouver un juste milieu entre l'absentéisme et le présentéisme, le bon message à passer pour les employeurs au personnel serait, selon Gary Johns, professeur de management à l'École de gestion John Molson de l'Université Concordia:

«On compte sur vous pour être au travail si vous avez un problème mineur et que vous êtes capable de vous présenter, mais si vous êtes vraiment malade, restez à la maison!»